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Il y a un an, Bo était encore un homme: "Je continue à faire la même chose, je suis toujours journaliste"

Bo Van Spilbeeck est au cœur d’une nouvelle émission qui sera diffusée ce mercredi soir sur RTL-TVI, juste après le RTL INFO 19H. "Life: elle est... Bo" retrace le parcours hors du commun de cette journaliste, née dans un corps d'homme.

Bo Van Spilbeeck est journaliste à la télévision flamande. Il y a un an, elle s'appelait encore Baudouin. Elle était invitée ce mercredi sur le plateau du RTL INFO 13H et a répondu aux questions d'Olivier Schoonejans.

Vous avez décidé de changer de sexe. Vous avez expliqué publiquement que vous étiez une femme dans un corps d'homme. Aujourd'hui, comment allez-vous?

"Super bien, je me sens très heureuse, je suis très contente d’avoir fait le pas. Le seul regret que je pourrais avoir, c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt, mais je suis beaucoup plus épanouie, tout le monde me dit que j’ai l’air beaucoup plus radieuse. Tout va bien, je n’ai aucun problème physique de mes opérations. Je continue à faire la même chose, je suis toujours journaliste, reporter à vtm, la chaîne flamande".

On voit toujours Bo à l’écran.

"J’ai fait des directs, on me voit en plateau, j’ai été en plateau avec le lancement de la fusée Tesla, je fais des face caméra, je fais des reportages, et je vis avec ma femme, comme avant".

Vous dites, mon regret, c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt. Pourquoi est-ce que vous avez attendu 58 ans ? Pour les enfants, pour la famille ?

"Un peu de tout. Le premier souvenir que j’ai d’être différent, et je parle au masculin, parce que j’étais garçon à l’époque, c’est quand j’avais 8 ans. Dès ma puberté, c’est devenu très clair. Je croyais que j’étais seul au monde, internet n’existait pas, je devais aller dans des bibliothèques chercher les rares livres qu’il y avait à ce sujet-là. C’est avec l’internet que tout s’est facilité. Il y a vingt ans, je connaissais quelqu'un qui avait fait la même chose, mais qui a quitté son boulot, parce qu’elle n’était pas comprise par les collègues, par les supérieurs. Je ne voulais pas perdre mon boulot, je ne voulais pas perdre ma femme, mes enfants, et je me suis dit, je devrai faire avec".

Ça s'est passé parce que tout le monde l’a accepté ?

"Tout le monde l’a accepté, c’était super. Ma femme, mes enfants, mes amis, mes collègues, mes patrons, mes chefs. Et toute la Flandre, et même au-delà des frontières. J’ai été à Paris, j’ai été interviewée par la BBC... c’était la folie".

Grâce au fait d'être connue, d’avoir médiatisé cette transformation, vous avez la sensation d’avoir fait évoluer les mentalités ?

"Disons que je ne m’y attendais pas. Je pensais que ça allait faire quelques remous, mais que ça allait rapidement être oublié. Finalement, on est 14 mois plus tard, et je suis toujours dans l’actualité, mais surtout, je reçois énormément de messages d’autres personnes, des transgenres, mais surtout des jeunes homo ou lesbiennes, qui me disent, votre exemple nous a donné le courage de franchir le pas, de faire la même chose. Donc, je me rends compte que ça a fait changer les mentalités, surtout en Flandre, et je pense que c’était très important de participer à ce documentaire.

"Je pensais que c’était vraiment nécessaire de faire ça. Au début, je n’étais pas convaincue, parce que ce sont tout d’abord mes chefs à vtm qui m’ont convaincue, qui m’ont dit, si tu ne fais pas ça toi-même, ce sont les autres qui vont raconter ton histoire, et ils ne vont peut-être pas raconter l’histoire comme tu le voudrais. Je me suis dit que je devrais le faire. Puis j’ai vu que ça a vraiment eu un retentissement énorme, que ça a aidé beaucoup de gens, je me suis mise à écrire un livre où j’ai retracé toute mon histoire, toute ma vie, et qui paraîtra d’ailleurs en français en septembre".

Ça a aidé des gens, ça peut aussi mettre des gens mal à l’aise, vous pouvez comprendre ce regard-là qu’on peut avoir sur vous ou pas ?

"Je le comprends parce que je me dis que tout le monde ne peut pas m’aimer et aimer ce que c’est, mais c’est resté très marginal, finalement, les réactions négatives, et elles venaient toujours d’un même milieu, je dirais plutôt d’extrême droite. Ce sont des gens qui n’aiment pas les gens qui sont autres, ils n’aiment pas non plus les étrangers, les réfugiés, ils n’aiment qu’eux-mêmes. Ça ne me dérange pas trop, je sais qu’il y en a, mais c’est vraiment très limité."

"Life: elle est... Bo", c'est ce soir à 19h45 sur RTL-TVI.

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