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"Trois femmes noires, que leur arrive-t-il?": la chanteuse belge Lous and the Yakuza s'amuse des nominations aux Victoires de la musique

"Trois femmes noires, que leur arrive-t-il?", s'amuse Lous and the Yakuza, nominée comme Aya Nakamura et Yseult aux Victoires de la musique, avant de saluer "chaque petit pas" en faveur de la diversité.

La 36e édition aura lieu vendredi soir à la Seine Musicale (à 21h05, en direct sur France 2 et France Inter) --sans public, Covid-19 oblige--, après une cérémonie l'année dernière sur laquelle avaient plu les critiques sur un manque de représentativité de la scène actuelle.

"Il y a encore quelques petits trucs à changer, mais il y a déjà plus de diversité. Je suis reconnaissante de chaque petits pas, on va réussir à changer les choses sur le long terme", lance Lous and the Yakuza devant une poignée de journalistes le soir de la révélation des nominés, le 11 janvier au Casino de Paris.

L'artiste, dans le sillage de son premier album "Gore", est en lice dans la catégorie révélation, tout comme Yseult (également en course pour la meilleure chanson), tandis qu'Aya Nakamura concourt pour la récompense plus huppée d'artiste féminine de l'année.

Je représente la musique d'un pays auquel je n'appartiens pas

Pour Lous, Belge née en République démocratique du Congo (elle a aussi des racines rwandaises), "ça tue" d'être présente dans cette sélection. "Je me dis que le peuple français trouve que je peux représenter sa musique: dans mon optique, je vois le meilleur, je représente la musique d'un pays auquel je n'appartiens pas"

"On avance de plus en plus vers une ouverture d'esprit, poursuit-elle. Je trouve ça super, que les gens se mélangent, à l'image des playlists des jeunes, qui rassemblent tout".

"Je n'y voyais pas de modèle"

Yseult mesure elle aussi la portée de sa présence aux Victoires. "Ma couleur de peau, mes cheveux, ma corpulence, tout est politique, je représente les minorités, la diversité et l'inclusivité" expose l'artiste, qui elle aussi s'exprime devant quelques médias le 11 janvier. 

"On m'avait une fois posé la question: 'vous regardez souvent la cérémonie des Victoires ?'. Je suis très franche: non, car je n'y voyais pas de modèle, de personne à qui m'identifier", relate celle qui assume ses rondeurs et dont un mini-album s'appelle "Noir". "J'ai arrêté de regarder, car je ne pouvais pas m'identifier au niveau du physique, de la couleur de peau, la nature de mes cheveux"

"Je suis une artiste engagée, je milite au quotidien, ce n'est pas une carrière que je mène, mais un combat, une course de fond, en permanence", développe encore la chanteuse, véritable artiste-entrepreneure puisqu'elle a créé son propre label.

"Deals entre eux" 

"Et le sexe tel que je le chante est politique, grave! Et c'est libérateur, souligne-t-elle. Dans mon (mini-album) Brut, je parle de ma sexualité, de ma sensualité. Dans le clip que j'ai produit, on voit ce qu'on n'a pas l'habitude de voir, en tout cas en France: un couple noir, un homme et une femme, qui s'aiment, dans des moments de tendresse."

Le tableau n'est cependant pas encore idyllique. Aucune femme n'est ainsi nominée dans la catégorie reine, celle de l'album de l'année, que vont se départager cinq hommes (Benjamin Biolay, Gaël Faye, Julien Doré, Ben Mazué et Grand Corps Malade). "On est en France, en 2021... mais la majorité des gens qui votent sont des hommes, puisque c'est l'industrie qui vote. Les labels font des deals entre eux: je vote pour ton artiste, tu votes pour mon artiste...", déplore ainsi Camelia Jordana --nominée dans la catégorie chanson de l'année-- dans Libération.

Mais les Victoires changent, petit à petit. Accusée de snober les gros vendeurs du moment --issus des musiques urbaines--, la cérémonie récompensera cette année le titre le plus streamé (plus de 101 millions de fois) entre décembre 2019 et novembre 2020, "Ne reviens pas", de Gradur et Heuss L'Enfoiré. 

© Agence France-Presse

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