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"Je dois payer mon loyer": pour cet acteur, loin du strass et des paillettes, la grève à Hollywood est essentielle

À 40 ans, la vie de Dominic Burgess est assez éloignée du rêve hollywoodien. Pour cet acteur qui a vu ses revenus diminuer depuis dix ans, la grève historique des comédiens annoncée jeudi est essentielle.

Il cumule 15 ans de carrière aux États-Unis comme acteur et pourtant... Dominic Burgess, ce comédien britannique que vous avez pu apercevoir dans des séries à succès comme Modern Family, Star Trek: Picard ou encore Dahmer ne mène pas une vie de star comme on peut en rêver dans la presse people.

Pour "99 % des acteurs", la vie quotidienne se passe "sur le terrain, à auditionner, à se bousculer et à se battre pour entrer dans les salles d'audition", explique-t-il. Et cela nécessite souvent de prendre un petit boulot. Vous avez bien lu. Au cours de ses six premières années passées en Californie, le comédien a travaillé à temps partiel dans un cinéma de quartier pour la modique somme de 7,75 dollars de l'heure pour compléter ses maigres revenus.

Dans sa situation, il ne peut que soutenir le mouvement de grève déclenché ce jeudi par le syndicat des acteurs SAG-AFTRA. Leur revendication principale est la même que celle des scénaristes, à l'arrêt depuis mai dernier, à savoir la revalorisation des revenus en marge de l'ère streaming. "Nous voulons tous travailler, mais à quel prix, quand le salaire et les revenus résiduels ne sont plus viables pour les acteurs?", commente Dominic Burgess. Il insiste: "Je dois pouvoir payer mon loyer et l'insuline de mon chat."

"Serrer la vis"

La plupart des acteurs ont deux sources de revenus: leurs cachets pour chaque série ou film, et les fameux revenus "résiduels", actuellement au cœur des négociations avec le patronat. Ceux-ci sont versés à chaque rediffusion d'une œuvre, et sont très faibles pour un passage sur une plateforme de streaming.

Avec le temps, l'homme crédité au générique de The Good Place a atteint un statut qui lui permet de "pouvoir subvenir à ses besoins en jouant la comédie". Malgré cela, il a vu toutes ses rémunérations baisser au fil des ans. La raison: les studios et les chaînes de télévision ne cessent de "serrer la vis".

Il explique que ces derniers temps, on lui propose souvent "le strict minimum" prévu par les barèmes imposés par le syndicat. Selon lui, c'est une tendance particulièrement prononcée chez les plateformes de streaming. "J'ai travaillé cette année pour une société pour laquelle j'ai bossé en 2012, et je suis moins bien payé pour mes services qu'il y a dix ans", raconte le comédien.

Si le minimum syndical, fixé à 1.082 dollars par jour pour un acteur de télévision, peut paraître élevé, l'homme de 40 ans précise qu'entre l'agent, les frais juridiques et les impôts, la moitié de cette somme s'envole. Le tout dans des situations pas toujours très confortables: les producteurs peuvent demander à une personne payée pour deux journées de tournage de rester disponible pendant des semaines, à cause de l'incertitude du calendrier. "C'est assez commun", affirme Dominic Burgess. En d'autres termes: "Ces 500 dollars doivent alors durer huit jours, 16 jours ou 21 jours, s'il s'agit d'une série prestigieuse. Cela devient insoutenable."

"Les studios savent que nous aimons notre travail"

La vie à Los Angeles pour un acteur, c'est un peu comme un filtre Instagram, la vérité est bien moins flatteuse. C'est en tout cas ce que l'on ressent à l'écoute du récit de Dominic Burgess. Il est arrivé d'Angleterre en plein milieu de la grève des scénaristes, qui a duré 100 jours en 2007-2008. "À l'époque, les directeurs de casting rencontraient les gens en personne. J'ai rencontré plus de directeurs de casting en trois semaines à Los Angeles qu'en trois ans à Londres", raconte-t-il.

Mais depuis la pandémie, la plupart des auditions sont "auto-enregistrées": les acteurs doivent se filmer eux-mêmes, souvent sans même savoir si leur performance sera bien visionnée. Malgré tout, le comédien n'imagine pas faire autre chose: "Nous sommes des artistes, des acteurs, des auteurs et des créateurs, et je pense que certains en profitent parfois. Les studios savent que nous aimons ce que nous faisons", soupire-t-il. Mais comment faire autrement, face à une concurrence acharnée? Refuser une production payée au salaire minimum, c'est s'exposer à "450 autres acteurs juste derrière toi, qui diront 'Oui, je le fais'".

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