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Cyclisme: Démare s'épanouit, Bouhanni s'enfonce

La spirale négative de Nacer Bouhanni, que son équipe a retiré mardi du Tour de Catalogne pour raison médicale, s'oppose à l'épanouissement d'Arnaud Démare, longtemps son alter ego, coéquipier et concurrent.

Alors que Démare jouait les premiers rôles samedi dans Milan-Sanremo (3e), en assumant son statut de favori d'une classique qu'il a remportée voici deux ans, Bouhanni était contraint à l'inaction. Dans la continuité d'un début de saison plombé - zéro victoire -, aggravé par une bronchite dont il n'est pas complètement guéri selon l'équipe Cofidis.

"Il va maintenant observer une période de repos complet pour se remettre à 100 % avant de reprendre l'entraînement en vue des prochaines compétitions", a annoncé la formation nordiste, pour laquelle il court depuis 2015. Mais l'arrivée à la tête de l'équipe, à la fin de l'année dernière, de Cédric Vasseur, en remplacement d'Yvon Sanquer, a changé la donne.

Bouhanni, en panne de grands résultats, a perdu les éléments de son statut de leader unique. L'équipe s'est notamment séparée de son père, présent l'an passé dans le staff, elle a accordé des responsabilité à Christophe La porte, jusque-là cantonné à un rôle de lancer.

Cette remise en question sanctionné quatre saison en demi-teinte de ancien champion de France, éloignées des promesses de 2014 (trois étapes du Giro, deux de la Vuelta) qui en faisaient une des stars potentielles des sprints du Tour de France.

Marc Madiot, qui a choisi fin 2014 de garder Démare et de laisser partir Bouhanni, a toutes les raisons de se féliciter aujourd'hui de sa décision. Le manager de l'équipe Groupama-FDJ se garde pour autant d'accabler son ancien coureur: "Il est dans une mauvaise passe mais le talent ne se perd pas en quelques jours."

- Contre-temps et conflits -

Ce qui avait fait pencher la balance à l'époque ? "Arnaud avait un profil davantage tourné vers les classiques et ça me convenait bien. Avec lui, la relation était plus simple qu'avec Nacer qui a un certain égoïsme, utile pour être un champion mais pas forcément facile à vivre au quotidien".

"Je pensais qu'il allait continuer à gagner des courses", ajoute toutefois Marc Madiot. Bouhanni l'a fait, une trentaine en trois années pleines. Mais, pour des raisons diverses, il a cumulé les ratés dans les grands rendez-vous: chute au championnat de France 2015 alors que le titre lui semblait promis, incident mécanique dans Milan-Sanremo 2016, forfait au Tour de France 2016 à cause d'un incident extra-sportif...

Une chute au Tour du Yorkshire au printemps dernier a gâché son année 2017. Et précipité l'engrenage des événements qui jettent une ombre sur sa saison en cours. Comment réagira-t-il à la série des contre-temps, déceptions et conflits sous-jacents qui accompagnent son parcours ?

"La période n'est pas facile à vivre mentalement", reconnaissait Bouhanni la semaine passée.

"Ce n'est pas moi qui ai demandé qu'on remplace le manager", glissait aussi le coureur, encore tout marri de ne pas avoir été retenu pour Milan-Sanremo.

L'abandon du Tour de Catalogne a enfoncé le clou. "Il n'était pas en état de continuer", a déclaré à l'AFP son directeur sportif Roberto Damiani en revenant sur la non-sélection pour Sanremo: "Cela nous donne raison."

Pour qu'il y ait un avenir sportif commun à Cofidis et à son coureur, liés par contrat jusqu'à fin 2019, la solution passe, à l'évidence, par la victoire. Madiot, qui ne veut surtout pas se mêler des affaires d'une autre équipe, a peut-être donné incidemment une clé dans la conversation: "Le Bouhanni que je connais, il faut lui témoigner de l'affection..."

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