Accueil Sport

Mondial de rugby: Lopez, héros malgré lui du XV de France

D'un drop passé de justesse, il a sauvé le XV de France d'un échec majeur: l'ouvreur remplaçant Camille Lopez, ancien titulaire du poste, est le héros malgré lui des Bleus, vainqueurs de l'Argentine (23-21) pour leur entrée en Coupe du monde.

"Je le vois partir tellement haut que je me dis: +Il ne va jamais y arriver!+. Il a mis du temps à y aller quand même..." Le Clermontois a conscience de n'avoir pas inscrit le plus beau drop de sa carrière. Mais c'est peut-être le plus important jusqu'ici.

"La beauté, on s'en fiche. C'était important de gagner aujourd'hui", sourit l'ouvreur forcé de taper très haut pour ne pas se faire contrer.

Emiliano Boffelli a-t-il tenté de duper l'arbitre, ou était-ce de la méthode Coué? L'arrière argentin a fait signe à tout le stade, et à M. Gardner en particulier, que le tir du Basque était passé sous la barre transversale.

Un instant de flottement a suivi, puis l'officiel a levé son bras en guise de validation, permettant à la France d'arracher un succès crucial dans la course aux quarts de finale d'un groupe C très relevé.

Lopez (30 ans, 25 sél.) a pris ses responsabilités alors qu'il venait tout juste d'entrer sur le terrain à la place de Damian Penaud, sorti sur protocole commotion (69e). Et que Benjamin Urdapilleta venait de redonner l'avantage à l'Argentine sur une énième pénalité française (21-20), à l'issue d'une demi-heure à sens unique pour les Pumas.

"Ca faisait un moment qu'on courait après le ballon, on n'avait plus trop de possession, on était un peu sous pression, on n'arrivait plus trop à conserver le ballon, ils étaient repassés devant au score... donc je me dis qu'il faut essayer de repasser devant pour nous faire du bien à la tête", a expliqué l'ouvreur de l'ASM.

- L'Australie, mauvais souvenir -

Dès son entrée sur le terrain, presque à froid, il fallait oser. Surtout que cela ne lui avait pas réussi dans un scenario identique face à l'Australie, en 2016. Et qu'il restait sur un 3/6 aux perches face à l'Ecosse en match de préparation mi-août (32-3), alors que le sélectionneur Jacques Brunel semblait vouloir en refaire son N.1.

Un faible pourcentage qui a peut-être fait pencher la balance en faveur de Romain Ntamack, plus à l'aise dans cet exercice face à l'Italie (47-19 le 30 août), quand le staff a dû trancher entre les deux N.10 pour débuter le match face aux Pumas.

"C'était le choix du staff et ça se respecte. Du moment où tu sais ta mission, tu l'acceptes et tu bosses à fond pour l'équipe; ce soir, ça nous a souri", relativise Lopez, placé sur le banc avec d'autres trentenaires, Louis Picamoles et Maxime Machenaud, afin d'apporter son expérience dans une fin de match à l'issue incertaine.

C'est déjà un premier match de Coupe du monde. Car en 2015, Lopez, choix N.1 de Philippe Saint-André lors du Tournoi des six nations, n'avait pas été retenu pour le Mondial après un litige entre le sélectionneur et Clermont.

Et en mars, Lopez n'en menait pas large, de nouveau écarté dans le Tournoi après la déroute de Twickenham - à l'issue de laquelle il avait critiqué implicitement le staff - et entré en jeu à la dernière minute en Italie, ce qu'il a vécu comme une humiliation.

Au stade Olympique, Lopez avait refusé de participer au tour d'honneur, se réfugiant immédiatement aux vestiaires. Cette fois, les honneurs, c'est lui qui les a eus, au point de devoir réagir en espagnol devant les caméras argentines, dans un castillan approximatif: "Il n'y a que mon nom qui est espagnol!"

À lire aussi

Sélectionné pour vous