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XV de France: de la peur à la délivrance, la folle dernière minute des Bleus

Des prières de Cyril Baille à l'immense joie de Camille Lopez: le XV de France est passé par toutes les émotions lors d'une fin de match tendue samedi contre l'Argentine, l'emportant de justesse (23-21) pour son entrée en Coupe du monde.

"Je me suis dit: pas encore une fois, s'il vous plaît!" Quand Gaël Fickou commet un léger plaquage en l'air sur Emiliano Boffelli synonyme de pénalité (78:10) et donc de balle de match pour les Pumas, le vice-capitaine Jefferson Poirot, alors sur le banc, ressasse forcément les défaites in extremis des Bleus ces dernières années (Irlande et Afrique du Sud en 2018, pays de Galles en 2019...).

Le pilier gauche choisit alors de ne pas subir: il tourne le dos au terrain. "Je ne veux même pas regarder cela", raconte-t-il. Son remplaçant Cyril Baille "prie" et "essaye de faire des mouvements de tête avec Camille Chat" pour déconcentrer l'arrière et buteur argentin, "même si on sait que ça ne sert pratiquement à rien". Et Fickou le fautif? "Je l'ai regardé, je l'ai maudit tout le long et ça a marché".

La tentative de Boffelli passe d'un rien à gauche des poteaux (79:35). "C'est un gros ouf de soulagement", dit Camille Lopez. "On dit à Thomas (Ramos, qui récupère le ballon) de courir le plus longtemps possible, qu'il aille dans un coin pour faire défiler le temps."

- Encore 15 secondes à jouer -

Car il reste encore 15 secondes à jouer, au grand dam de Poirot qui pensait la rencontre gagnée et s'était élancé trop tôt vers le terrain. "J'étais dégoûté", dit le Bordelais.

A Lopez la charge du renvoi aux 22 m. Taper court pour tenter de récupérer la balle ou long pour maintenir les Argentins le plus loin possible? Il opte pour la seconde option. "Après coup, je me suis dit qu'il aurait peut-être mieux fallu mettre un ballon de récupération sur les 40 m plutôt que de s'infliger un ballon de défense."

Une minute d'offensives stériles argentines défile (lentement), au cours de laquelle les Français mesurent leurs gestes: la moindre pénalité peut être fatale. "C'est vraiment une fin de match atypique", dit Baille. "On essaye de ne pas faire de faute, on ne fait que défendre."

Jusqu'à ce que Maxime Machenaud vienne gratter un ballon des mains de l'Argentine, ce qui déclenche la fureur du sélectionneur argentin Mario Ledesma, qui y a vu un en-avant. Le contre-ruck s'organise, il faut encore sortir le ballon et l'envoyer hors du terrain. Baille est pris dans la nasse: "ça a été le plus long, ça dure une plombe à sortir, j'avais les bras liés, les mecs dessus..."

Machenaud pris dans le regroupement, c'est Ramos qui joue le demi de mêlée de service et extrait pour Lopez, lequel peut enfin taper en touche et exulter, les poings serrés (81:46). "On a eu de la chance", sourit le Clermontois. Celle qui forge les grands destins?

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