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Equitation: le concours complet, populaire et dangereux

Le Mondial du Lion-d'Angers, concours complet réservé aux jeunes chevaux, est un passage obligé sur le parcours des Jeux, dans un sport aussi populaire que dangereux et quelques semaines seulement après un accident mortel.

C'est un peu la loi des séries: début septembre, au Haras du Pin, la jeune Thaïs Meheust est décédée après avoir chuté et que son cheval lui est retombé dessus; dimanche dernier à Pompadour, Thibault Fournier, 22 ans, un grand espoir du complet français, ne s'est pas relevé non plus. Il a été transporté en état d'urgence au CHU de Limoges et il est depuis plongé dans un coma profond.

"C’est toujours un gros traumatisme, surtout quand on connaît les cavaliers", a réagi jeudi Astier Nicolas, double médaillé olympique à Rio, avant d'entrer en scène au Lion d'Angers. "On n’a plus envie de courir, mais la semaine suivante, on veut y retourner. On est conscients du danger et on peut tous faire des erreurs, mais c’est cher payé. Et il faut l’accepter."

Le risque fait partie intégrante du concours complet, véritable triathlon pour cavaliers, sur trois ou quatre jours: dressage, cross et saut d'obstacles. Ils seront 30.000 spectateurs samedi pour le cross du Lion-d'Angers, sur un parcours exigeant de 5 km où la plupart des obstacles sont hauts (1 m 15 maximum), fleuris, décorés, voire artistiques, et très photogéniques.

"Certains parents veulent être fiers que leur enfant fasse du complet, mais ne veulent pas les risques. Moi je suis plus adepte des bons gestes que des bonnes protections. Il faut beaucoup insister sur la formation des cavaliers, et que quelqu’un dans l’entourage puisse dire: tu n’y vas pas, tu n’es pas prêt", insiste Astier Nicolas.

- "Ce n'est pas raisonnable" -

La Fédération française d'équitation a tenu une réunion de crise, lundi, dans son siège de Lamotte-Beuvron. "Il y a quatre grandes pistes de réflexion: le cavalier, son niveau et ses protections, le cheval, sa technique, les obstacles, déformables sous le poids du cheval ou non, et le format des épreuves", explique Michel Asseray, DTN adjoint chargé du concours complet.

"On arrive à juger les performances mais il faut sensibiliser les gens sur autre chose, sur la façon de faire: certains passent les obstacles, vont à la remise des prix, mais on se demande comment ils ont fait", regrette Asseray. "Ça passe, mais ce n’est pas raisonnable. Le coach doit pouvoir dire à son élève: tu n’es pas prêt à faire une épreuve de ce niveau-là, ton cheval non plus. Les parents aussi, l’entourage immédiat."

Astier Nicolas abonde dans son sens: "C’est comme si on demandait à un jeune qui sort de l’école de voile des Glénans d’aller faire le Vendée Globe. Ca reste un sport extrême qui se court à grande vitesse, avec des animaux, sur des terrains naturels. Il faut être prêt à le faire, et qualifié. J’ai eu peur, trop souvent, en voyant des cavaliers sauter."

Ce week-end, 110 engagés viennent de 23 pays, sur des chevaux de six ou sept ans. Des jeunes chevaux qui, pour la plupart, n'ont jamais sauté devant autant de monde. "C’est le premier test grandeur nature pour le haut niveau, avec du public, des applaudissements pour le dressage, puis une marée humaine samedi, pour le cross", résume Asseray.

Des milliers de spectateurs, des obstacles divers et variés, des chevaux et des cavaliers de haut niveau: il y aura du spectacle, dans un cadre superbe, ce week-end au Lion-d'Angers. Avec un peu de danger "comme en alpinisme, mais on n'enlève pas les montagnes", sourit Astier Nicolas.

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