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La Premier League reprend ses droits: huis clos, titre promis à Liverpool mais le suspense reste intact

Après 100 jours de repos forcé lié à la pandémie de Covid-19, le football reprend ses droits mercredi dans son berceau natal, l'Angleterre, attendu impatiemment par des millions de fans dans le monde, pour un final frénétique de 92 matches en six semaines. Ni le huis-clos, ni la quasi-certitude de voir Liverpool couronné au terme de la saison, 30 ans après son dernier titre, ne doucheront l'enthousiasme qui accompagne le retour de la Premier League.

Aussi désolante que soit la vision des stades vides et l'absence d'ambiance dans un pays qui vit et respire football habituellement, le choc sera atténué par le fait que la Bundesliga, la Liga et la Serie A, qui ont précédé la Premier League, ont connu le même traitement. Si le suspense est éventé pour le titre, la course à la Ligue des Champions demeure très ouverte.

Elle reste en partie suspendue à la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS), qui décidera début juillet s'il annule ou confirme l'exclusion de Manchester City des compétitions européennes pour violation des règles du Fair-Play Financier. Une sanction contre les Citizens, pratiquement promis au podium avec leurs 57 points, soit 8 de mieux que Chelsea (4e), rendrait la 5e place qualificative pour la C1. Cela renforcerait considérablement les chances de Leicester, 3e avec 53 points et des Blues.

Mais, derrière, la foire d'empoigne serait épique puisque 6 unités séparent Manchester United (5e, 45 pts) de Crystal Palace (11e, 39 pts), avec Wolverhampton, Sheffield United, Tottenham, Arsenal et Burnley intercalés. Ayant récupéré des blessés et non des moindres - Son Heung-min et Harry Kane, d'un côté, Marcus Rashford et Paul Pogba de l'autre - pendant la trêve, Tottenham et Manchester United, qui s'affrontent pour la reprise vendredi soir, semblent les mieux armés sur le papier.

La peur du vide pour les relégables

Loin des ors des compétitions continentales, les derniers matches de la saison décideront aussi du nom des équipes qui, en plus d'être frappées financièrement par le Covid-19, retomberont dans la bien moins lucrative Championship (D2). Norwich, Aston Villa et Bournemouth occupent actuellement les trois places maudites, mais les Villans ont un match en moins, disputé mercredi contre Sheffield United (19h00/17h00 GMT). Watford et West Ham, qui ne sont hors de la zone rouge qu'à la faveur d'une moins mauvaise différence de buts, et Brighton, qui n'a qu'une avance de 2 points sur le 18e, appréhendent cette reprise où ils ont tout à perdre.

Si l'on se fie au classement moyen des adversaires qu'il reste à jouer, Bournemouth a le parcours le plus dur de toute la Premier League, alors qu'ils restaient sur 7 défaites lors des 10 dernières journées. Norwich a le calendrier le moins relevé parmi les mal classés, mais les 6 points de retard sur le maintien semblent compliqués à reprendre en 9 journées quand Chelsea et Manchester City sont au programme... Tout reste à jouer!

Un temps d'adaptation sera nécessaire

Si les fans devraient pouvoir y trouver leur compte, l'expérience risque d'être plus déstabilisante pour les joueurs. Les bandes sonores de chants de supporters, les silhouettes cartonnées de supporters ou les vidéos projetées sur écrans géants ne feront pas longtemps illusion. Et le protocole très strict pendant et autour du match - désinfection des vestiaires, des ballons, du banc des remplaçants, des poteaux de corners, interdiction des crachats et des contacts physiques pour célébrer un but - nécessitera un temps d'adaptation.

"Quand on joue à domicile, on a ce petit supplément d'intensité et de passion qui vient du public. Là, ce ne sera pas le cas", a commenté l'entraîneur de City, Pep Guardiola. "Mais quand ils étaient enfants, les joueurs jouaient dans la rue, sans spectateurs et ils jouaient bien. C'est tout ce qu'ils auront à faire", a-t-il poursuivi.

"Rester vigilants"

La principale crainte du technicien concerne le rythme intense des rencontres qui vont s'enchaîner pour finir la saison fin juillet, d'autant que les Citizens sont aussi qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe d'Angleterre. "Le problème ne sera pas de jouer un match, mais de jouer un autre, puis encore un autre, avec une préparation physique insuffisante", a souligné Guardiola. "Ils ont eu 6 semaines (pour s'entraîner) en Allemagne, le double de nous, et 5 semaines en Espagne", a encore relevé le Catalan.

À l'instar de ses joueurs Raheem Sterling et Sergio Agüero, qui avaient jugé précipité le retour de la Premier League dans le pays le plus touché par la pandémie en Europe, Guardiola, dont la mère est morte du Covid-19 en avril, a admis ne pas être complètement rassuré. "Je comprends qu'on doive le faire (reprendre la saison, ndlr). On a le sentiment que les dégâts pour les clubs étaient énormes. Il fallait le faire pour réduire l'impact autant que possible". "Mais au final, c'est la santé des gens (qui prime). Personne ne veut mourir après avoir été contaminé". "La distanciation sociale, les masques, les désinfectants pour les mains. Il faut rester vigilants parce que le virus est toujours là", a-t-il conclu.

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