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Elections à la FFR: "Laporte n'est pas l'homme de la situation", estime Benazzi

Bernard Laporte, candidat à un second mandat comme président de la Fédération française de rugby (FFR), "n'est pas l'homme de la situation", estime l'ancien international Abdelatif Benazzi, qui figure sur la liste d'opposition menée par Florian Grill, dans un entretien à l'AFP.

L'ancien capitaine du XV de France (78 sélections entre 1990 et 2001), âgé de 51 ans, figure en 17e position sur la liste dévoilée mardi par Ovale Ensemble.

La FFR a décidé jeudi de maintenir au 3 octobre les élections, malgré la demande de report de l'opposition qui estime n'avoir pas pu faire campagne correctement pendant les deux mois de confinement.

Q: Pourquoi avoir choisi de mener campagne contre l'équipe sortante?

R: "La situation du rugby français se détériore depuis quatre ans. Même s'il y avait des crises passagères par le passé, la France n'était jamais descendue au-delà du 4e rang mondial (9e fin 2018, 5e aujourd'hui). Surtout, le nombre de licenciés n'avait jamais baissé (la FFR estime que la baisse remonte à 2011, NDLR). Cette fois-ci, quand on a 54.000 licenciés en moins (depuis 2016), c'est un cri d'alarme… (une baisse de 31.500 licenciés selon la FFR, NDLR). A force de jouer avec le feu, on est arrivé à saturation et les gens commencent à se désintéresser du rugby en raison des problèmes de santé - les blessures - et des scandales générés par la gouvernance de la Fédération… C'était trop, il fallait sortir cette gouvernance un peu clanique pour redorer le blason du rugby français et repartir sur une gestion territoriale avec des compétences à tous les postes. C'est une véritable stratégie, pour un rugby d'ensemble rassemblant amateurs et professionnels, qu'on met en place avec nos 300 propositions."

Q: A quels "scandales" faites-vous référence?

R: "On ne vire pas un sélectionneur comme ça (Guy Novès fin 2017, NDLR), d'une façon ignoble en disant qu'il y a eu un audit... On peut changer d'entraîneur mais il faut montrer une certaine respectabilité, et cela a coûté 3 millions d'euros (1 million d'euros versés après jugement des Prudhommes selon la FFR, NDLR)... Parmi d'autres dépenses, on peut encore citer l'augmentation de la masse salariale de 12 millions d'euros (NDLR: la FFR parle de 6,8 millions, NDLR). Des gens élus qui deviennent salariés avec 10.000 euros par mois (NDLR: la FFR avait reconnu un dépassement du plafond légal pour le vice-président Serge Simon et a rectifié), moi ça me choque: on ne vient pas à la Fédé pour se monnayer mais pour rendre au rugby ce qu'il nous a apporté."

- XV de France ? "Lueur d'espoir" -

Q: Bernard Laporte n'a-t-il pas dernièrement réussi à redresser le XV de France en nommant Fabien Galthié sélectionneur, à la tête d'un staff bourré de compétences ?

R: "Il y a une lueur d'espoir, il y a un nouveau mode de gestion de l'équipe de France qui a bien commencé mais je rappelle qu'il y a une défaite contre l'Ecosse (28-17, dernier match des Bleus dans le Tournoi)."

Q: Vous avez été manager général de Montpellier, choisi par le président Mohed Altrad, devenu depuis sponsor du XV de France et partenaire majeur de la Fédération, une position qui a fait grincer des dents. Que ferez-vous de lui si vous êtes élus?

R: "C'est un sponsor majeur comme les autres, il est le bienvenu. Les choses ne seront pas remises en question, au contraire, l'équipe de France a besoin de soutien. Le programme d'Altrad bénéficie au rugby français, au rugby amateur. J'ai d'ailleurs une très bonne relation avec lui. Laporte, je l'ai connu comme entraîneur (quand ce dernier a été nommé sélectionneur du XV de France en 1999). Je n'ai rien contre l'homme, je suis contre le président, le management de ce personnage à la tête de la Fédération. Ce n'est pas l'homme de la situation, il n'est pas un homme de dossiers. Il peut amener la Fédération à un désastre."

Entretien réalisé par téléphone par Pierrick YVON

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