Accueil Sport

Rugby: avis de tempête pour l'ouragan Laporte

En pleine campagne pour sa réélection à la tête de la FFR, Bernard Laporte, homme de combat, fait face à une nouvelle bataille: le patron du rugby, habituel ouragan d'énergie, a été placé mardi en garde à vue par le parquet national financier.

Question combat, Laporte s'y connaît, lui qui a toujours fait de la domination physique, appuyée par une solide conquête, la pierre angulaire du jeu, pragmatique, de ses équipes.

Laporte avait remporté celui pour la présidence de la FFR fin 2016, ajoutant un trophée à son armoire bien garnie, comme joueur (champion de France 1991 avec Bègles) mais surtout entraîneur, alors qu'il n'a jamais été international.

Il a ainsi hissé le Stade Français de la troisième division au titre de champion en 1998, avant de tout rafler avec le RC Toulon: trois Coupes d'Europe (2013, 2014 et 2015) et un Bouclier de Brennus (2015).

Son palmarès à la tête du XV de France a lui été marqué par deux Grands Chelems en 2002 et 2004 mais aussi par des défaites en Coupe du monde, en demi-finales en 2003 et surtout 2007, à domicile.

- "Sans concession" -

Cette fois, c'est sur le plan judiciaire que Bernard Laporte doit mener sa nouvelle bataille.

L'ancien demi de mêlée a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en 2017 par le parquet national financier, qui avait été destinataire d'un rapport des inspecteurs généraux du ministère des Sports.

Joueur, entraîneur et dirigeant, Laporte, né à Rodez (Aveyron) d'un agent EDF et d'une mère qui cumulait heures de ménage et livraison de La Dépêche du Midi, dans les boîtes aux lettres au petit matin, ne s'est jamais soucié des "on-dit", lâchant ce qu'il pense, avec son accent du Sud-Ouest et à sa façon, quitte à bousculer les codes. Voire choquer.

Par exemple en qualifiant de "bourgeois de merde" les spectateurs du Stade de France, coupables d'avoir hué Frédéric Michalak alors qu'il était sélectionneur. Ou lorsqu'il traite de "pipe" son prédécesseur à la tête du XV de France Pierre Villepreux. Ou encore quand il a comparé la FFR "à la Corée du Nord" dans une campagne dont le président battu, Pierre Camou, avait dénoncé le niveau.

"Bernard ne se laissera jamais faire, il dira toujours ce qu'il pense et il est sans concession", expliquait à l'époque Mourad Boudjellal, son président à Toulon.

"Ce n'est pas quelqu'un que l'on peut acheter, amadouer. Ce n'est pas un oiseau dont on peut fermer la cage", ajoutait-il.

"L'adversité, il a besoin de ça. Il se façonne là-dedans", embrayait Serge Simon, son ami et N.2 à la Fédération, lui aussi placé en garde à vue par la BRDE.

- Mélange des genres -

Voilà pour le survêtement d'entraîneur, avec lequel il est capable de terroriser ses joueurs par ses colères noires mais aussi de les galvaniser pour en tirer le meilleur.

Mais Laporte aime mélanger les genres, se lançant, avant d'embrasser une carrière médiatique (pour la radio RMC), dans les affaires (exploitations viticoles, restaurants, campings, casinos) puis en politique.

Une fugace carrière épousée au contact de Nicolas Sarkozy, dont il partageait les footings sur les bords du bassin d'Arcachon et qui l'a nommé secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009). Avec le costume-cravate, Laporte a aussi détonné dans un monde peu habitué à ses manières et son langage fleuri.

À lire aussi

Sélectionné pour vous