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Foot: à l'OM, la crise pousse la formation à "se réinventer"

Avec des jeunes footballeurs privés de compétition par les mesures sanitaires liées au Covid-19, le centre de formation de l'Olympique de Marseille a été amené à "se réinventer" en privilégiant une individualisation du travail, explique à l'AFP son directeur, Nasser Larguet.

QUESTION: Comment aider les jeunes à progresser sans compétition ?

REPONSE: "Nous avons fait évoluer notre méthodologie en nous basant sur plus d'individualisation (technique, physique, mental) mais aussi sur le plan tactique avec les spécifiques au poste (gardien de but, attaquant, milieu et défenseur). Nous organisons aussi des oppositions internes, en faisant rencontrer les différentes catégories entre elles: N2 (Nationale 2, NDLR), U19 (moins de 19 ans, NDLR), U17, U16, U15, U14 et séniors féminines. Et récemment, nous avons eu l'autorisation de jouer entre centres de formation, ce qui est très appréciable."

Q: Comment évaluer les jeunes sans compétition ?

R: "La compétition manquera dans les décisions, mais il ne faut pas surestimer son importance. Ce que fait le joueur au quotidien au club, dans tous les domaines, donne autant d'éléments structurants. Pour les jeunes de la réserve, les U19 et les U17, la compétition compte pour 35% de l'évaluation, l'entraînement pour 30% et le comportement (éducation, valeurs du club, scolarité) pour 35%. Pour les plus jeunes, la compétition passe à 25%, l'entraînement à 35% et le comportement à 40%. Le recrutement est aussi un réel problème, même pour un jeune qui est suivi depuis au moins deux ou trois saisons. Malheureusement, depuis mars 2019, nous n'avons pas la possibilité de les réévaluer en continuité en compétition mais aussi avec nos effectifs (...). Pour cette saison, nous avons déjà anticipé nos recrutements, après le premier confinement, avec des stages de détection mais aussi des observations de rassemblement, ligues régionales etc."

Q: Est-ce que la crise du foot français menace la formation ?

R: "Pas du tout, bien au contraire, elle permet de se réinventer dans nos méthodologies et de comprendre encore plus la place de l'individualisation et du spécifique dans le travail de formation: technique, mental, physique, vidéo etc. Nous avions eu trop tendance à privilégier la compétition au détriment du travail individuel. Un autre phénomène intéressant dans ces spécifiques, c'est le décloisonnement des groupes et donc aussi des staffs. Et la formation restera à jamais un socle pour les clubs, car nous voyons que la crise sanitaire est aussi économique et que seuls les centres de formations performants peuvent résister, à la fois en utilisant les jeunes pour leur équipe première mais aussi pour des transferts."

Propos recueillis par écrit par Stanislas TOUCHOT

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