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Vendée Globe: Clap de fin sur une odyssée des mers exceptionnelle

Venu du grand froid pour vivre son premier tour du monde en solitaire, le Finlandais Ari Huusela, dernier concurrent en lice, a bouclé vendredi son périple en 116 jours, refermant ainsi la neuvième édition du Vendée Globe. Une odyssée riche en péripéties remportée il y a cinq semaines par Yannick Bestaven.

A 58 ans, Huusela (Stark) a terminé le mythique tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Arrivé quelques minutes après le lever du soleil, ce pilote de ligne dans la vie a clôturé la course avec panache, devenant le premier représentant des pays nordiques à terminer le Vendée Globe.

Il a offert, très ému, un dernier grand spectacle aux Sablais, venus par milliers le long du chenal. Il est le vingt-cinquième et dernier d'une flotte de 33 bateaux, partie le 8 novembre 2020 pour affronter des tempêtes, la grande solitude des terribles mers du sud mais surtout un naufrage et le sauvetage périlleux qui a suivi. Sans oublier, un finish complètement fou au suspens insoutenable.

"On aurait voulu écrire un scénario comme ça, c'était impossible avant le départ! Ça n'existe pas. Et ce qui n'existe pas est toujours captivant. Parce qu'on est tellement formatés et sur des choses qui doivent arriver. Mais ce qui n'existe pas, c'est la surprise, c'est l'aventure", avait raconté à l'AFP Jean Le Cam, proclamé héros de ce Vendée Globe, après avoir sauvé le naufragé Kevin Escoffier dans des conditions de mer dantesques.

- Le Cam le sauveur -

Cette édition avait déjà commencé de façon inédite. La grande fête populaire avait viré au huis-clos en raison des restrictions liées à la pandémie de Covid-19.

Après un départ retardé en raison du brouillard, le focus s'est porté sur les bateaux volants, appelés "foilers" parce qu'équipés de "foils" (appendices latéraux qui permettent à la coque de s'élever au dessus de l'eau pour filer à vive allure). Deux d'entre eux étaient clairement les grands favoris: celui du Gallois Alex Thomson (Hugo Boss), ainsi que celui de Jérémie Beyou (Charal).

Mais les déboires techniques ont très vite réduits à néant leurs chances de victoires: Thomson a abandonné début décembre et Beyou a dû faire demi-tour, à peine parti, pour réparer. Il est reparti neuf jours plus tard, terminant 13e après 89 jours de course.

Le 30 novembre, la course a vécu un drame. Le bateau de Kevin Escoffier (PRB) s'est brisé en deux. Réfugié sur son radeau de survie, il a attendu onze heures un sauveur. Ce fut Le Cam (Yes We Cam!), dérouté comme trois autres skippers pour venir lui porter secours. Dans la nuit noire et secoué par une forte houle, le marin sexagénaire a réussi à retrouver Escoffier, qu'il hébergera une semaine avant qu'une frégate de la Marine Nationale ne le récupère en mer. Le Cam sera bonifié de 16 heures et 15 minutes pour ce sauvetage. Yannick Bestaven (Maître Coq IV), qui a participé aux recherches, recevra 10 heures et 15 minutes de compensations horaires.

- Bestaven le vainqueur -

Et ce bonus fera la différence en toute fin de course. A quelques encablures de la ligne, quatre bateaux pouvaient prétendre à la victoire. Du jamais vu. L'un deux, celui de l'Allemand Boris Hermann, percute un chalutier juste avant l'arrivée. Charlie Dalin (Apivia), qui a été en tête pendant une grande partie du tour du monde, arrive le premier sur un bateau endommagé, après 80 jours et 6 heures de mer. Bestaven, leader avant de se faire rattraper par un groupe de chasseurs après le cap Horn, franchit la ligne en troisième position. Une fois ses compensations horaires prises en compte, il sera déclaré vainqueur en 80 jours et 3 heures.

C'est six jours de plus que la précédente édition mais les conditions météo ont été un frein tout au long de la course.

"Il y a eu beaucoup de rebondissements dans cette course-là. Encore sur les derniers jours, quand je n'ai plus aucune chance de gagner, je reviens aux avant-postes et, plus que le podium, j'arrache la victoire", avait confié Bestaven à l'AFP.

Sur les trente-trois partants, huit ont abandonné, ce qui est peu. En 2016, ils étaient onze sur vingt-neuf à avoir dû renoncer.

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