Accueil Sport

Euro d'athlétisme en salle: Bosse à la relance

Trois ans et demi se sont écoulés depuis son sacre mondial sur 800 m mais Pierre-Ambroise Bosse n'a jamais retrouvé l'état de grâce de cette nuit magique d'août 2017 à Londres. Délaissé par les sponsors mais avec un nouvel entraîneur, il espère relancer sa carrière à l'aube de cette saison olympique.

L'hiver et la salle n'ont jamais été sa tasse de thé mais le Français de 28 ans a tellement besoin de courir qu'il a décidé de sauter le pas pour s'aligner à l'Euro indoor à Torun où il s'est qualifié vendredi pour les demi-finales prévues samedi. En 2021, PAB repart de zéro avec la volonté d'effacer une longue période d'errance qui l'a éloigné du haut de l'affiche.

Des blessures, des changements de coach incessants et une amende de 1000 euros en 2019 après une violente rixe arrosée: Bosse a connu plus de déboires que de lauriers ces dernières années, son principal fait d'armes étant une 3e place aux Championnats d'Europe en 2018 à Berlin. Aux Mondiaux 2019 à Doha, la présence dans l'hôtel des Bleus d'un hypnotiseur, invité par le Français, avait également déclenché une grosse polémique et terni encore un peu plus son image.

Preuve d'une cote sérieusement en baisse, Bosse a même perdu son équipementier (Puma) fin 2020, dans un contexte économique très compliqué en raison de la crise sanitaire. Mais promis, juré: le Nantais estime être revenu dans le droit chemin. Ses résultats en indoor l'attestent. Le 24 février, il a battu son record personnel en salle (1 min 45 sec 95), quatre jours après avoir pris la 2e place des Championnats de France derrière Benjamin Robert.

- "L'hiver comme bonus" -

"Je n'apprécie pas forcément les épreuves en salle mais je prends cette saison hivernale comme un bonus, affirme-t-il. C'est une première expérience pour moi. Je suis un coureur à grand braquet, j'ai de grandes foulées et mes qualités, ce sont les longues accélérations. Ce qui est impossible à faire en salle. Je vais essayer d'aller chercher des aspects tactiques, aller doubler un peu plus vite et cela pourrait m'aider sur une piste de 400 m."

"Cet hiver, il n'y a pas d'objectif précis, l'idée c'est de faire des compétitions pour se remettre dans l'ambiance, retrouver des repères, quitte à perdre, explique son entraîneur Philippe Dupont. On a trouvé des solutions pour qu'il ne se blesse plus, avec beaucoup de réathlétisation. C'est de bon augure pour pouvoir enchaîner cet été sur une phase de préparation plus longue."

Bosse, débarqué à Torun avec le 7e temps européen de l'année, reconnaît être encore à la recherche de chronos de référence mais il assure avoir "retrouvé (s)on niveau à l'entraînement".

"J'ai connu des hauts et des bas ces derniers temps mais je suis dans une phase haute avant l'été et le plus important c'est que je cours sans douleur. A l'heure actuelle, tout va bien", indique-t-il.

- Reprise en main -

Pour reprendre en main sa carrière, Bosse s'est séparé fin 2019 de son coach Alain Lignier pour intégrer le groupe dirigé par Philippe Dupont. Un choix qui a permis à cet électron libre, qui avait pris l'habitude de s'entraîner seul, de se "resocialiser".

"Il a une personnalité très marquée mais il y a une bonne fusion entre nous, ça fonctionne bien, selon le technicien. Il avait aussi besoin de renouveau, de choses un peu différentes. Une relation entraîneur-athlète met du temps à se mettre en place mais ça se passe bien."

"Il est assez complémentaire avec les athlètes avec lesquels il s'entraîne, ajoute-t-il. Ils lui apportent un peu de difficulté dans les secteurs dans lesquels il est fragile et lui, en échange, il apporte ses qualités. S'entraîner en groupe c'est toujours moteur pour un athlète."

Philippe Dupont l'avoue: "le chemin vers un retour à son meilleur niveau n'est pas facile". Mais il se veut plutôt optimiste pour le futur.

"Il a eu deux ans de disette avec de petites blessures, le Covid. Mais si au niveau physique, il retrouve une intégrité, comme ça semble se mettre en place aujourd'hui, c'est complètement raisonnable qu'il puisse revenir au niveau qu'il avait en 2016-2017. Torun n'est qu'une étape", analyse l'ancien mentor de Mahiedine Mekhissi.

À lire aussi

Sélectionné pour vous