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Rugby: ce jour où Kotaro Matsushima a failli devenir Toulousain

Star au Japon et renfort de poids de Clermont depuis l'été dernier, l'arrière Kotaro Matsushima sera l'une des attractions du quart de finale de Coupe d'Europe de rugby dimanche (16h00) contre le Stade toulousain, où il a failli signer plus jeune.

Guy Novès, alors entraîneur du club le plus titré de France, ne se souvient "absolument pas" du séjour de la perle nippone d'origine sud-africaine dans la "Ville Rose" en octobre-novembre 2011. Car Matsushima a rencontré des écueils lors de son essai avec les jeunes Toulousains, à 18 ans, entre pépins physiques et mal du pays.

"La première semaine s'est plutôt très bien passée parce qu'il était au-dessus des autres mais il s'est déchiré les ischio-jambiers et il a ensuite préféré repartir chez les Natal Sharks en Afrique du Sud", explique à l'AFP Michel Marfaing, directeur sportif du centre de formation du Stade toulousain.

Le passage éclair du jeune métis avec l'équipe Crabos (moins de 19 ans) n'a pas pour autant laissé indifférent le technicien. "Sur le peu qu'on a vu, il était au dessus partout: plus rapide que les autres, plus d'appuis, une meilleure vision du jeu, bon dans le jeu aérien, un bon jeu au pied... Il avait le +plus plus+!", raconte Marfaing.

Un aspect de la personnalité du phénomène avait "impressionné" Eric Artiguste, alors entraîneur des Espoirs (moins de 21 ans). "Il était sûr de lui. Ce n'était pas de l'arrogance mais il savait qu'il était un bon joueur", souligne l'actuel entraîneur de la défense de Bayonne.

- "Coup marketing" -

Matsushima n'avait pas encore débuté avec les "Brave Blossoms", surnom de la sélection japonaise, mais il s'était taillé une petite réputation au Pays du soleil levant en remportant le championnat des lycées en 2011 avec le Toin Gakuen de Yokohama, au sud de Tokyo.

Ses performances lui avaient permis de rejoindre le centre de formation des Natal Sharks, l'une des plus fameuses franchises d'Afrique du Sud, le pays de son père, où il est né en 1993 à Pretoria.

Les responsables de la marque Serge Blanco, habilleur du Stade toulousain, avaient alors repéré la pépite et joué les entremetteurs. "L'idée au départ, c'était de tenter un coup marketing, que le Stade toulousain puisse se faire connaître au Japon et nous permettre de nous mettre en avant", explique à l'AFP Lionel Lauby, PDG de l'entreprise de textile.

"On le voyait comme une future star et, finalement, on ne s'est pas trompé! Mais il fallait au moins qu'il intègre les aspirants toulousains et il n'a pas passé le cap", ajoute-t-il.

Qu'a-t-il manqué à Matsushima? "Une part de chance", estime Marfaing. "Après sa blessure, il est revenu nous voir pous nous dire qu'il ne se plaisait plus trop à Toulouse et qu'il souhaitait repartir. S'il ne s'était pas blessé, peut-être qu'on l'aurait au club aujourd'hui...", poursuit-il.

- "Un vrai plus" -

"Il était trop jeune pour partir à l'étranger à ce moment-là pour des raisons personnelles et la section professionnelle du Stade toulousain n'a pas fait tout ce qu'il fallait pour lui laisser le temps", estime Eric Vartabedian, ancien dirigeant des Crabos toulousains qui avait hébergé Matsushima.

Au lieu de poursuivre l'aventure en France, Matsushima est donc retourné en Afrique du Sud, où il avait commencé à jouer, pour y effectuer ses débuts professionnels. Puis le grand espoir a confirmé au plus haut niveau, vécu d'autres expériences en Australie (Rebels, Waratahs), dans le championnat japonais et disputé deux Coupes du monde (2015, 2019), la dernière à domicile.

Avant donc d'effectuer un retour réussi en France avec Clermont auquel "il apporte un vrai plus" selon Novès. C'est d'ailleurs lui qui a inscrit l'essai de la victoire des Jaunards en huitièmes de finale à Coventry face aux Wasps.

En cas de récidive dimanche au stade Marcel-Michelin, il pourrait donner d'amers regrets au Stade toulousain.

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