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Ligue des champions: comment Pep Guardiola a complètement raté sa finale

Avec une nouvelle expérimentation tactique hasardeuse en finale de la Ligue des champions, Pep Guardiola a encore échoué dans sa quête du Graal européen avec Manchester City samedi contre Chelsea (1-0). De quoi renvoyer l'entraîneur catalan à son image de technicien génial mais parfois trop cérébral.

Dix ans après son dernier succès en Ligue des champions avec le FC Barcelone en 2011, Guardiola a surpris tous les observateurs samedi en alignant un onze dépourvu de milieu défensif, modifiant le schéma tactique qui avait tant fait souffrir le Paris SG en demi-finale (2-1, 2-0).

Résultat: son équipe, parfois déboussolée, a été punie par le Chelsea de Thomas Tuchel qui, lui, avait reconduit son équipe habituelle sans innovation de dernière minute.

"Pep Guardiola a franchi l'étroite frontière entre le génie et la folie, et a décidé qu'une finale de Ligue des champions était le moment adéquat pour réaliser une de ses expériences de professeur fou", a pointé le tabloïd britannique The Sun dimanche.

Le grand alchimiste de Manchester City a fini par fomenter seulement une bombe fétide, avec un City sans un milieu de terrain défensif ni un avant-centre de métier qui a été complètement dépassé".

"J'ai créé la meilleure équipe possible", a déclaré l'Espagnol après la finale décevante pour son équipe. "Comme je l'ai fait en demi-finales contre le Paris Saint-Germain et en quarts de finale contre le Borussia Dortmund. J'ai choisi les joueurs avec lesquels nous avions le plus de chances de gagner. Les joueurs eux-mêmes le savent aussi".

"Une nouvelle manière de perdre"

Pour The Guardian, Guardiola "a inventé une nouvelle manière de perdre pour aller sonder de nouvelles profondeurs de sa frustration".

"Guardiola ne peut pas amoindrir sa responsabilité après avoir dessiné une tactique qui a sombré. Étonnamment, il a décidé de n'utiliser ni Rodri ni Fernandinho comme milieu de terrain défensif, laissant City avec un plan de jeu confus", a taclé la BBC.

Si les médias britanniques sont si durs avec Guardiola, c'est que la désillusion est à la hauteur de l'incompréhension... et des attentes placées en lui pour soulever la première C1 de l'histoire du club.

Sur l'unique but de la partie, les choix de Guardiola sont en cause: avec ce dispositif, de larges brèches étaient ouvertes dans l'axe, où Kai Havertz a été parfaitement servi pour ouvrir le score (42e).

"On aurait pu faire mieux en première période... Mais c'est Chelsea, c'est dur de se créer plus d'occasions. Je suis triste, mais j'ai peu de reproches à faire", a assuré Guardiola au micro de la chaîne Movistar.

"Gündogan a joué en position de contrôle pendant de nombreuses années", a déclaré Guardiola. "Il est rapide avec le ballon et peut atteindre nos meilleurs joueurs entre les lignes avec ses passes. C'est pourquoi j'ai fait ce choix".

Double vainqueur de la C1 avec le Barça de Lionel Messi en 2009 et 2011, Guardiola n'a plus réussi à brandir la "Coupe aux grandes oreilles" depuis dix ans: ni avec le Bayern Munich (2013-2016), ni avec City (depuis 2016), en dépit des moyens énormes mis à sa disposition.

"Elle lui résiste"

Cette incapacité à répéter l'exploit loin de ses terres catalanes, malgré un environnement très "Barça-compatible" avec les présences de Txiki Begiristain et Ferran Soriano, respectivement comme directeur du football et président du club citizen, a fait réagir en Espagne.

"Elle lui résiste!", a titré dimanche à sa Une le quotidien catalan Sport.

Le problème de Guardiola, c'est que cette hésitation tactique n'est pas nouvelle.

En 2020, en quart de finale contre Lyon, le Catalan avait osé une autre expérimentation avec une défense à trois jamais rodée. L'expérience avait tourné court puisque c'est l'OL qui s'était imposé 3-1 lors du "Final 8" de C1 à Lisbonne, renvoyant "Pep" à ses chères études.

Cela a alimenté les doutes du technicien en début de saison, avant qu'il ne retrouve la formule en cours de route pour aller décrocher son troisième trophée de champion d'Angleterre, ainsi qu'une Coupe de la Ligue anglaise.

"La seule différence (entre le début de saison raté et la suite) c'est qu'on court moins. On courait trop", a-t-il analysé en janvier au sujet de cette stabilité retrouvée.

Alors pourquoi avoir tout changé samedi lors du match le plus crucial de la saison ? Guardiola seul le sait.

Fidèle à lui-même, un peu plus zen depuis son arrivée en Angleterre, le Catalan aura encore au moins deux chances pour aller chercher cette Ligue des champions qui lui manque tant avant 2023, date de fin de son contrat avec City. Le temps de tirer les leçons de cet échec, et d'expérimenter à nouveau.

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