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L1: Défense en berne, attaque en verve, le paradoxe girondin

Moribond sur le plan défensif avec ses 37 buts encaissés, Bordeaux (18e) affiche paradoxalement un bilan offensif digne d'un équipe du Top 10, qui interpelle sur son réel potentiel et son état d'esprit.

Si l'objectif, en se rendant à Strasbourg mercredi, était de garder sa cage inviolée, il est raté, et pas qu'un peu. Les cinq buts concédés à La Meinau (5-2) ont rappelé la porosité de cette équipe girondine, seule formation de L1 à n'avoir pas terminé un match sans encaisser de but.

Face à un Lyon revanchard, difficile de ne pas craindre une poursuite de la série dimanche.

A contrario, les réalisations de la tête de Hwang Ui-Jo (5 buts en 11 matches) et Alberth Elis (4 buts en 8 matches) en Alsace, portant à 24 le nombre de buts inscrits (13 buteurs différents) cette saison, prouvent que la mayonnaise continue de prendre devant, malgré les résultats très médiocres (2 victoires en 16 journées).

"On a cette particularité de jouer très offensif, analyse l'ancien buteur international Philippe Fargeon. Cela n'a pas toujours été le cas: avant, on avait une défense qui tenait et une attaque qui se cherchait. Là, c'est pas mal pour le spectacle mais d'un autre côté, on oublie qu'il y a une assise défensive à avoir, une osmose, un équilibre à trouver".

Être plus présent à la récupération, se replacer à la perte de la balle pour permettre à la défense de se stabiliser et jouer les coups à fond offensivement en priorisant les situations, seraient les pistes à suivre selon Fargeon, champion de France avec Bordeaux en 1987.

"Il faut avoir conscience que tout joueur sur un terrain est un défenseur, un premier ou un dernier, poursuit-il. L'idéal serait que ces joueurs (les attaquants) qui sont en confiance puissent apporter défensivement de l'aide à leurs coéquipiers qui sont en difficulté".

- "Défenseur, c'est être un chien" -

"Si les offensifs ne font pas le minimum défensif, c'est mathématique, il y aura un surnombre à un moment donné, abonde l'ancien défenseur et consultant François Grenet. Il y a un minimum d'effort à faire pour que le premier rideau ne soit pas perméable. Il faut des mecs concernés, des profils de joueurs offensifs qui sont plus à même de faire le job à l'heure actuelle".

Depuis le début de saison, l'entraîneur Vladimir Petkovic a testé diverses animations, que ce soit à trois, quatre ou cinq défenseurs, par choix ou par contraintes liées aux blessures ou aux profils de l'adversaire, avec une ou deux sentinelles, deux ou trois pointes. Sans réussite pour l'heure.

"Pour moi, il y a avant tout beaucoup d'erreurs et de lacunes de défenseurs, constate Grenet. On ne peut pas espérer quoi que ce soit en prenant plus de deux buts de moyenne par match. Offensivement, le travail semble porter ses fruits, mais défensivement, le travail entrepris ne suffit pas".

"Ou le message ne passe pas ou les joueurs n'arrivent pas à se conditionner sur toute la durée d'un match dans une posture de défenseur au niveau état d'esprit et mental, pointe encore Grenet, latéral de formation, titré en 1999 sous le maillot marine et blanc. Aujourd'hui, quand les latéraux rentrent sur le terrain, ils pensent plus au dépassement de fonction qu'à la fonction. Défenseur, c'est être un chien. Les fondamentaux - rigueur, détermination, concentration -, tu ne peux pas les négliger ou passer outre sinon tu te fais punir".

Dès lors, existe-t-il une remède au mal girondin actuel? "Quand les attaquants sont en crise de confiance, on fait du +spécifique attaquant+. Pourquoi pas entreprendre un +spécifique défenseur+?", suggère Grenet.

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