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Édito: et voilà, le Rafael Nadal des Guillemins est de retour

David Goffin a remporté hier son sixième titre ATP. Un bel accomplissement pour notre compatriote, qui revient de loin après une longue période de doutes. Celui qu'on aime tant railler mérite tout de même une fameuse dose de respect.

Je relance la propagande David Goffin. Il est là, il est fringant, sa mèche toujours aussi impeccablement rangée sur la droite de son crâne, prêt à envoyer valser les petites balles jaunes à la recherche des lignes de fond de court. On l'avait presque oublié, tant il était facile et tentant de se moquer de ses éliminations précoces depuis des mois. Le king de l'élimination prématurée est en train de revenir, de reprendre confiance pour offrir aux amoureux du tennis belge une fameuse bouffée d'air frais. S'il ne s'agit plus de s'emballer, rien ne nous empêche d'en profiter.

Ce dimanche, c'était jour de finale. Je n'y croyais presque plus. Pas une semaine ne s'écoulait sans qu'on ne glisse une petite vanne "Ah, David a gagné deux jeux". "Ah, David a encore perdu". "Ah, David a encore pris une balle dans l'œil. Quel maladroit ce Goffin". Parce que ça faisait longtemps que Goffin n'avait plus besoin d'une bâche en fond de court pour se faire éliminer. 

Mais non, cette semaine, dans un ATP 250, David Goffin a enfin refait du Goffin. Pour ne pas trop bouleverser ses habitudes, il a tout même joué trois de ses cinq matchs en trois sets. Toujours aussi frêle, il donne parfois l'impression qu'il va s'envoler en même temps que la balle. Sur certaines de ses courses, on a tendance à abandonner plus vite que lui. Son revers à deux mains recommençait à sortir, donnant un peu de magie à son jeu. Le tout sans faire bouger un seul de ses cheveux. Ces images m'avaient manqué. Et au bout, le voilà en finale. Ma maman, fan invétérée et sans doute créatrice d'un fan club tenu secret dont je n'ai pas connaissance de l'existence, était la seule à me rappeler H24 que Goffin avait encore quelque chose à offrir. Et moi, j'en rigolais. 

Alors j'ai regardé le match avec elle. Ou du moins une partie. Et j'ai enfin vibré. Certes, on ne parle pas d'un Grand Chelem, ni d'un ATP 250 des plus fournis. Mais il s'agirait tout de même de ne pas sous-estimer ce que représente un titre ATP. On ne parle pas des interclubs au fin fond du pays. David Goffin m'a enfin redonné l'impression de croire en lui, d'avoir la maîtrise de son jeu, de son mental. C'était une belle parenthèse enchantée après des mois de galère, quelques années de doutes et de descente. Mais David Goffin, ne l'oublions pas, reste sans aucun doute possible le meilleur joueur que la Belgique ait connu. Dans le tableau masculin, qu'on soit bien d'accord.

David Goffin, c'est la simplicité belge. C'est cette bonne ambiance, parfois ce flegme et cette tendance inévitable de se sentir tout petit face aux très grands. C'est l'homme qui n'a pas toujours eu de chance. C'est le joueur à qui on a envie d'offrir des shots, qu'il gagne ou qu'il perde, pour faire un beer-pong endiablé dans les vestiaires de Roland. Sans doute que le monde du tennis ne se souviendra pas éternellement de David Goffin. Mais nous, en Belgique, nous devons tout de même marquer son nom d'une belle étoile sportive. Goffin a rejoint l'élite de son sport, grimpant jusqu'au 7ème rang mondial. Il a atteint les 1/4 de finale de trois des plus gros tournois au monde. Il est passé tout près de gagner un Masters de fin de saison. Il a séduit en Coupe Davis, par son revers, par sa vitesse, par ses déplacements, par son intelligence de jeu. Les plus grands l'ont déjà complimenté. Ce n'est ni un Nadal, ni un Federer, ni un Djokovic. Et au fond, ce n'est pas grave. 

Alors oui, sans doute va-t-on encore pouvoir reprendre nos vannes sur une élimination d'entrée dans un tournoi de seconde zone. Mais moi, j'aime ces éternels losers qui, en pleine heure de gloire, font exploser à la face du monde le talent qu'ils ont si ardemment couvé. Espérons encore quelques coups d'éclat du genre, pour nous rappeler que, derrière nos vannes moyennes, se cache quand même un excellent joueur. On rit de ceux qu'on aime, comme on dit chez moi. Alors David, merci pour le titre de dimanche. Et désolé pour les prochaines vannes, ce n'est pas contre toi. Tu sais comme la Belgique adore l'autodérision. 

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