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C1: polémique après les ratés organisationnels au Stade de France

Après le chaos au Stade de France, la controverse: la polémique a enflé dimanche autour des responsabilités de chacun dans les couacs organisationnels de la finale de Ligue des champions, avec des conséquences redoutées en terme d'image à deux ans des Jeux olympiques de Paris.

La prestigieuse finale européenne, accueillie à Saint-Denis, en banlieue nord de Paris, et remportée samedi par le Real Madrid contre Liverpool (1-0), a été marquée par des scènes chaotiques autour du stade, sans faire de blessé grave.

Selon l'UEFA, "des milliers de spectateurs" se sont présentés avec de "faux billets qui ne fonctionnaient pas", créant "une accumulation de spectateurs" dans les files d'attente.

Des journalistes de l'AFP ont constaté avant le match la présence de bandes de jeunes et de fans de football locaux non identifiés tentant de s'introduire de force dans l'enceinte, en escaladant notamment des barrières.

La police est intervenue, dispersant la foule et au passage les supporters, au gaz lacrymogène.

"On déplore que des familles aient pu être indirectement touchées", a déclaré dimanche sur BFMTV une porte-parole de la préfecture de police de Paris, assurant que les tentatives d'intrusion ou d'utilisation de faux billets étaient "globalement" le fait de "supporters anglais", avec "aussi sans doute quelques Parisiens ou Dyonisiens" (habitants de Saint-Denis, NDLR).

Le ministère des Sports a convoqué lundi (11h00) une réunion avec "l'ensemble des parties prenantes (...) "afin d'en tirer toutes les leçons" et "cerner les dysfonctionnements".

Dès la fin du match, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin avait évoqué des "milliers de supporters britanniques sans billet ou avec des faux billets qui ont forcé les entrées".

- Supporters "exemplaires" -

Les supporters de Liverpool, jugés peu problématiques depuis 30 ans, ont été ulcérés par ces accusations.

Des policiers de Liverpool, déployés sur place comme observateurs et agents de liaison, ont indiqué que "l'immense majorité" des supporters anglais "se sont comportés d'une manière exemplaire, arrivant tôt (...) et faisant la queue" comme demandé.

Dans la "fan zone" de l'est parisien où des dizaines de milliers de supporters britanniques ont suivi la retransmission avec ferveur et beaucoup de boisson, la marée rouge s'est dispersée sans incident à l'issue du match, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les pompiers de Paris ont fait état d'une soirée "calme" au stade et dans les "fan zones", avec 238 interventions de services de secours pour des incidents mineurs, dont des intoxications au gaz lacrymogène.

En marge de cette soirée, 105 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l'Intérieur. Selon le parquet de Paris, une vingtaine ont été placées en garde à vue, essentiellement pour des violences et des vols.

- "Image lamentable" -

Pour Ronan Evain, directeur exécutif du réseau Football Supporters Europe, ce raté "pose la question de la capacité de la France à organiser des événements de cette taille-là".

"Il y a un besoin très fort de moderniser l'approche de la sécurisation de ces rencontres", a t-il indiqué à l'AFP.

Le dispositif sécuritaire – 6.800 policiers, gendarmes et pompiers et de très nombreux agents de sécurité privé - devait servir de test pour la Coupe du monde de rugby, organisée par la France en 2023, et pour les JO de Paris, l'année suivante.

Les scènes de désordre ont suscité les critiques de l'opposition.

"L'image est lamentable, elle est inquiétante parce qu'on voit clairement qu'on n'est pas préparés pour des événements du type JO", a lancé le dirigeant de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, sur BFMTV.

Marine Le Pen a fait part d'un "sentiment d'humiliation". "Nous sommes regardés par le monde entier et l'intégralité des capitales qui ont vu cela ont constaté que la France n'était plus dans la capacité d'organiser de grandes manifestations sans que celles-ci dégénèrent", a estimé la présidente du Rassemblement national au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

Le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, et le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, membres du Parti socialiste, ont réclamé "une commission d'enquête rapide et transparente sur les manquements qui ont conduit aux débordements" de samedi.

Fustigeant des commentaires de "la fachosphère" cherchant à "salir" la ville et ses habitants, M. Hanotin a préféré pointer sur Twitter "la culture de certains supporters anglais qui avaient annoncé qu'ils tenteraient d'entrer dans la stade avec ou sans billets", "la désorganisation de l'Etat", "la convergence de voyous de la région", ou la culture "déformée" de l'ordre public de la préfecture de police.

Côté majorité présidentielle, la député LREM-Renaissance Aurore Bergé a rappelé sur RMC que la France avait organisé "en à peine trois mois" cette finale qui, sans la guerre en Ukraine, "aurait dû se tenir en Russie".

"Il n'y a pas eu de difficultés dans les fan zones", a-t-elle souligné, appelant à "regarder à froid ce qui s'est passé".

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