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Stade de France: le Sénat continue de tancer les autorités publiques

Le Sénat a de nouveau tancé jeudi les autorités publiques après le fiasco du Stade de France en dénonçant "une impréparation en amont" et continuant d'essayer de comprendre "la faute grave" de la destruction des images de vidéosurveillance de cette soirée chaotique.

Jeudi après-midi, la délégation sénatoriale a pris le chemin du Stade de France en particulier pour visiter le PC sécurité. Elle a ensuite fait "un point d'étape" sur ce fiasco qui a mis à mal l'image de la France organisatrice de grands évènements sportifs à deux ans des JO et a crée une polémique virulente entre la France et l'Angleterre.

"Impréparation en amont, manque de réactivité pendant et gestion critiquable après": le président de la commission de la Culture, Laurent Lafon (centriste) a d'entrée résumé les griefs pour cette soirée qui a vu des spectateurs sans billets escaladant les grilles, des supporters et familles aspergés de gaz lacrymogène et d'autres victimes de vols ou d'agressions.

Quelques heures plus tôt, au Palais du Luxembourg cette fois, le délégué interministériel aux grands évènements sportifs et aux JO, Michel Cadot assurait de son côté que la préparation avait été "sérieuse" mentionnant 'un "travail dense". Il a remis la semaine dernière un rapport détaillant les dysfonctionnements divers qui se sont additionnés au cours de cette soirée.

- Ni responsable ni coupable -

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, avait reconnu devant les sénateurs le 9 juin dernier "un échec" et des "chiffres imprécis". Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, auditionné auparavant, avait maintenu sa version, très critiquée, imputant le seul fiasco aux "35.000" supporters munis de billets falsifiés ou sans billet.

Petit à petit, le tableau de la soirée du 28 mai se dessine, dans l'attente d'autres auditions la semaine prochaine en particulier celles des supporters du Real Madrid et de Liverpool.

Mais pour Laurent Lafon, "tout cela donne l'impression qu'il n'y a pas de responsable et puisqu'il n'y a pas de responsable, il n'y a pas de coupable", évoquant "une dilution des responsabilités".

Et tout n'est pas encore éclairci.

Pour le président de la commission des Lois, Jean-Noël Buffet (LR), la question de la non conservation des images de vidéosurveillance est "une faute grave". Si les images vidéo émanant des transports publics ou de la préfecture de police ont été conservées, celles prises par le gestionnaire du Stade de France ont été supprimées automatiquement au bout de sept jours.

- Substitut du procureur? -

Malgré la présence d'un officier de police judiciaire et aussi "semble-t-il d'un substitut du Procureur" comme il est "d'usage" lors d'un grand évènement, au PC sécurité du Stade de France, ces images n'ont pas été conservées, a-t-il expliqué.

Interrogé sur le fait de savoir si cette non conservation avait pour but de "cacher" des éléments, M. Buffet a répondu: "Non, je ne peux pas dire ca". "Ce qui interpelle, c'est que personne n'ait eu la lucidité de dire +on conserve ces images+", a-t-il dit. M. Buffet a précisé auprès de l'AFP qu'il allait interroger "la Chancellerie" sur ce point.

Questionné sur la destruction automatique de ces images, Michel Cadot avait renvoyé jeudi matin vers le parquet, en capacité de faire des réquisitions. "Je peux comprendre que le citoyen ait un petit peu de peine à considérer que c'est simplement une forme d'automaticité qui est intervenue dans cette affaire-là", a-t-il commenté. Il a profité de l'audition de jeudi pour plaider en vue des JO pour adaptation d'un système de détection des mouvements de foule.

Le Sénat, qui souhaiterait aussi auditionner l'UEFA mais n'a pas encore eu de réponse, n'a "pas terminé son travail", ont fait savoir les sénateurs. "Viendra le temps de clarifier aussi le problème des faux billets -- une information judiciaire est en cours -- qui n'est peut-être pas le fait majeur" de cette soirée comme cela a été martelé lors des premiers jours, a encore expliqué Jean-Noël Buffet. Le sénateur attend "une réponse rapide" de l'Etat.

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