Accueil Sport Football Diables Rouges

Édito: mettez-moi De Bruyne et Lukaku dans du papier bulle

C'était le grand frisson, hier soir, entre l'Angleterre et la Belgique. Enfin, plus ou moins, disons que c'était le retour du football après 90 minutes d'un ennui rarement connu, samedi, contre l'Irlande. Un peu comme un réveil soudain après une sieste trop longue, vous voyez un peu ? Le retour à la réalité était à la fois doux et brutal, il a fait mal, mais en même temps, un peu de bien. 

Hier soir, pendant 90 minutes, j'ai passé mon temps entre deux de mes activités favorites: sourire devant le football offensif de Doku, Lukaku et Tielemans et dans le même temps, me ronger les ongles (c'est bon) à chaque ballon balancé rapidement dans le dos de notre défense. Jan Vertonghen, qui sent le poids des années agir sur sa vitesse, m'a encore fait grincer des dents, alors que Zeno Debast, le jeune héritier potentiel, a fait ce qu'il pouvait pour compenser certains errements. Que cette défense est effrayante. Chaque balon, c'est un micro arrêt cardiaque. Passer de la Belgique dominante à la Belgique attentiste, c'est un cap à franchir, mais qu'il est difficile à vivre !

En fait, notre seule mission à l'Euro, ce sera de toujours mettre plus de 2 buts, histoire de se laisser un petit matelas d'avance. Ce sera notre petit airbag à nous. Merci à Matz Sels, qui a rappelé à Thibaut Courtois qu'au final, il n'y avait pas toujours besoin d'un brassard pour être à la hauteur. Pas de panique, le temps fera les choses, mais là tout de suite, on souffle fort. Très fort. 

Mon autre passe-temps favori, en tant que fan de l'équipe nationale belge, c'est de me plonger dans les souvenirs. Contre l'Irlande, la voix de René Vandereycken m'est revenue dans la tête, comme celle d'un oncle très éloigné un peu fatigant qu'on entend trop aux repas de famille. Oh la nostalgie. Les bons vieux Belgique-Bulgarie qu'on regardait d'un œil, parce que l'autre avait la bonne idée de se fermer pour nous éviter ces purges. Bref. Contre l'Angleterre, j'avais la même approche que contre le Brésil en 2018: sur un malentendu, ça peut fonctionner.

Et bien quel pied, les amis. On a toujours dit que pour gagner des titres, il fallait savoir gagner en étant moche. Bon, on a partagé en étant correct, on dira que l'objectif est à moitié atteint. Avant, on gagnait en étant beau, mais on perdait au bout. Trust the process ! Youri Tielemans, sache que j'ai hurlé ton nom dans toute la rédaction de RTL, avec ce doublé express qui nous rappelle qu'il ne faut jamais juger un joueur trop vite. Romelu Lukaku, lui, c'est autre chose. Comme un certain Kevin De Bruyne, que j'ai eu envie d'invoquer 400 fois pour lancer une attaque "passe parfaite" qui aurait plongé l'Angleterre dans le doute. Foutue blessure.

D'ailleurs, j'ai une réclamation à faire. Je propose à l'Union belge de nous sortir son meilleur stock de papier bulle. Faites sauter le budget, prenez de la qualité, on a un convoi exceptionnel à envoyer en Allemagne. Emballez-moi Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku et Jérémy Doku et mettez les au frigo pour quelques semaines. Dégelez-les en mai et laissez-les jouer à feu doux. Il nous faut l'entrée, le plat et le dessert en juin. L'entrée, ce sera Doku, avec sa vitesse effrayante qui ferait passer la Red Bull pour une Twingo. Son dribble devrait être exposé au Musée Hergé a côté de ce maillot bleu, qu'on aime ou pas, mais qui restera dans nos mémoires. 

Le plat, c'est Kevin De Bruyne. S'il manque l'Euro 2024, la Belgique est fichue. Je n'ai pas peur de le dire. Sa lecture des espaces, sa vision du jeu, son génie créatif, c'est inégalable et cela nous a manqué. On ne cherche pas un remplaçant à l'inégalable, on compose avec son absence. Comme on peut. Contre l'Irlande, il nous aurait sans aucun doute gratifié d'une ou deux ouvertures qui auraient réveillé les supporters en pleine hibernation. Avec flegme, parce que c'est un amical. Mais on prend. Le plus grand roux de l'histoire de l'humanité, avec sa nouvelle coupe qui sent bon le titre européen, doit absolument en être.

Double dose de papier bulle, on ne lésine pas sur les moyens. S'il faut le cryogéniser, je paierai moi-même la facture d'énergie. Mettez-moi ce génie dans un placard et ressortez-le pour faire exulter une nation qui a bien besoin de sourire. Pas besoin d'élection, en juin, ce sera lui notre leader. Tintin est en mission. 

Et le dessert, c'est Romelu Lukaku. L'armoire à glace de notre équipe nationale, le taulier, le leader charismatique, l'attaquant qu'on a tant de fois voulu remplacer pour se rappeler, à chaque fois, qu'en fait, il n'était pas remplaçable. Un roc dans la pénombre, un point d'appui inimitable. Son extérieur du pied d'hier soir, je le range dans la catégorie des merveilles inattendues. Comme un film dont on attend rien, mais qu'on va voir au cinéma, on est agréablement surpris et on en garde un bon souvenir. Un Luka Modric en plus musclé, le gars. Blague à part quel joueur, toujours au cœur des discussions, mais qui a pris comme habitude de fermer celle de ceux qui le sous-estime en permanence. Profession répondeur.

Soyons francs. La Belgique n'a pas plus de chance de gagner l'Euro 2024 que je n'en ai de racheter X pour retrouver l'âme de Twitter. J'en rêve, mais ça semble loin, quand même. Il va falloir de fameux scénaristes pour nous écrire un scénario pareil, mais ce n'est pas grave. La jeune génération a du potentiel, quelque chose à faire valoir. L'Euro 2024, c'est comme le Mondial 2014 d'Hazard et compagnie: on ne sait pas où on va, mais on y va ensemble.

Gardons le cap et le sourire. Come on Belgium, on se revoit dans trois mois, pour sourire ou pour pleurer, mais ça, ce sera l'avenir qui nous le dira. Le plus important, c'est qu'on sera là.

À lire aussi

Sélectionné pour vous