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120% d'occupation dans les prisons belges: comment lutter contre la surpopulation carcérale?

Le fonctionnement de la prison de Louvain-Central était perturbé vendredi en raison de la poursuite du mouvement de grogne dans les prisons du nord du pays. Un piquet de grève réunissant 70 à 80 personnes se tenait devant l'entrée de l'établissement pénitentiaire, selon Eddy De Smedt, permanent syndical du SLFP. De nouvelles actions auront lieu la semaine prochaine en front commun syndical.

"Allonger le congé pénitentiaire"

Pour endiguer la surpopulation, c'est tout le système pénal qui doit changer, alerte la section belge de l'Observatoire international des prisons ou "OIP".  "Allonger le congé pénitentiaire pour désengorger les prisons ne constitue qu'une mesure cosmétique", balaie-t-elle notamment.

En 2016 déjà, l'Observatoire relevait que l'extension du parc carcéral ne constituait pas une solution pérenne à la surpopulation dans les prisons. Huit ans et cinq nouveaux établissements plus tard (à Anvers, Courtrai, Haren, Termonde et Forest), ce constat se confirme, relève l'organisme, qui a présenté vendredi sa nouvelle notice sur les conditions de détention en Belgique.  

Les propositions de Paul Van Tigchelt

Jeudi, les prisons du pays renfermaient en effet 12.077 personnes pour une capacité d'un peu plus de 10.500 places (soit 120% d'occupation). Et la décision de l'ancien ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) d'imposer l'exécution des peines de moins de trois ans n'a pas aidé, pointe l'OIP. Basée sur l'idée que les cellules sont pleines de récidivistes, la mesure aurait un effet dissuasif selon le ministre.  

"Directions de prisons, agents pénitentiaires, avocats, magistrats... Tous avaient prédit que le gouvernement allait droit dans le mur" avec l'exécution des "courtes" peines, note le co-président de la section belge de l'OIP, Harold Sax.  

La proposition de son successeur, Paul Van Tigchelt, d'étendre le congé pénitentiaire constitue d'ailleurs un désaveu voilé de cette politique, poursuit M. Sax. Pour des peines de 10 ans de prison maximum (et à l'exception des condamnations pour terrorisme et infractions sexuelles), le régime prévoit sept jours de détention suivis de sept jours de congé pénitentiaire. L'idée est d'allonger ce séjour à plusieurs semaines.    

Le congé pénitentiaire prolongé ne pourrait toutefois concerner qu'un peu plus de 200 détenus sur l'ensemble du pays, soit moins de 2% de la population carcérale actuelle, d'après une estimation fournie début mars par la Direction générale des établissements pénitentiaires.

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