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Nicole de Moor affirme qu'Alexander De Croo soutient sa politique d'accueil: "On veut faire respecter la loi, mais on n'est pas capable à ce moment-ci"

La secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, Nicole de Moor, a assuré lundi disposer du soutien du Premier ministre Alexander De Croo, pour mener sa politique, qui passe par l'envoi d'une "instruction" à son administration de ne plus accueillir des hommes seuls demandeurs d'asile en Belgique dans le réseau Fedasil, en dépit de la suspension de cette mesure par le Conseil d'État.

"Oui, bien sûr", a-t-elle répondu à une question lors de l'émission Matin Première de la RTBF, dont elle était l'invitée, après des critiques venues des partenaires écologistes de la coalition Vivaldi qui soutient le gouvernement fédéral. "Nicole de Moor est hors la loi", avait ainsi lancé la semaine dernière le co-président d'Ecolo, Jean-Marc Nollet.

Le Conseil d'État a estimé le 13 septembre dernier que cette instruction de la secrétaire d'État ne respecte pas la législation en vigueur, qui confère un droit à l'accueil à tous les demandeurs d'asile en vertu de la loi du 12 janvier 2007.

"Ce n'est pas une situation facile, ce n'est pas une situation que je souhaite, que le Premier ministre souhaite. Et le Premier ministre (Alexander De Croo, Open Vld) a aussi dit clairement que l'on veut faire respecter la loi, que l'on veut suivre la décision du Conseil d'État, mais que l'on n'est pas capable de le faire à ce moment-ci", en raison d'une grave pénurie de places d'accueil, a rétorqué Mme de Moor (CD&V).

Je ne méconnais pas l'arrêt du Conseil d'État, moi aussi je veux que la loi soit respectée

"Mon engagement est très très clair. Nous avons déjà créé des milliers de nouvelles places pour des demandeurs d'asile dans des nouveaux centres partout dans le pays et nous cherchons encore des places supplémentaires pour pouvoir accueillir tout le monde. Et comme le Conseil d'État dit: 'chaque personne qui demande l'asile en Belgique à droit à l'accueil'. Je ne le conteste pas, je ne méconnais pas l'arrêt du Conseil d'État, moi aussi je veux que la loi soit respectée. Mais là aussi (il y a) une réalité sur le terrain. Le nombre de demandeurs d'asile arrivé ces deux dernières années et tellement grand que même avec tous ces nouveaux centres, on n'arrive pas aujourd'hui à accueillir tout le monde", a-t-elle poursuivi.

La secrétaire d'État s'est aussi défendue des critiques de manque d'anticipation formulées par certains. "En 2019, on a commencé avec 21.000 places d'accueil. Aujourd'hui, nous avons 35.000 places d'accueil. Et nous avons encore besoin de milliers de places pour résoudre la situation. Nous cherchons encore des milliers de places pour accueillir tout le monde", a-t-elle expliqué.

Selon elle, parmi les personnes qui arrivent chaque jour en Belgique se trouvent "beaucoup de familles avec des enfants, des enfants sans parents, des femmes seules". "Et selon moi, ce sont eux les plus vulnérables. Donc je leur donne priorité pour obtenir une place d'accueil" auprès de Fedasil, a-t-elle souligné, ajoutant vouloir éviter que des enfants se retrouvent à la rue cet hiver.

Mme de Moor a qualifié de "fausse bonne idée" la proposition de "plan de répartition obligatoire" des demandeurs d'asile, en expliquant que 500 des 581 communes belges offrent déjà des places d'accueil alors que les logements destinés à accueillir les réfugiés reconnus et ayant obtenu un droit de séjour manquent.

Pour résoudre la situation en Belgique, on a vraiment besoin de frontières mieux contrôlées

Elle a aussi plaidé en faveur d'une "réforme profonde" de la politique d'asile au niveau européen alors que la Commission européenne a présenté à l'automne 2020 un "pacte européen sur la migration et l'asile" qui fait actuellement l'objet de négociations entre le Conseil (les vingt-sept) et le Parlement européen.

"Pour résoudre la situation en Belgique, on a vraiment besoin de frontières mieux contrôlées, de procédures rapides aux frontières pour faire la distinction entre ceux qui ont besoin de protection et ceux qui n'en ont pas besoin mais qui essaie d'entrer dans l'Union européenne. On a (aussi) besoin d'une répartition équitable, d'une solidarité obligatoire entre tous les États membres", a-t-elle dit en soulignant que "la Belgique fait plus que sa part".

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