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Accent flamand: le nord du pays aime-t-il Bruxelles?

Cette semaine, plusieurs fusillades liées au milieu de la drogue ont frappé Bruxelles. Bilan humain : 1 mort. Autre type de bilan : le peu amour qui subsistait en Flandre pour la capitale s’étiole encore un peu plus. Que les faits se soient déroulés autour de la Saint-Valentin n’y change rien.

La Flandre voit Bruxelles depuis longtemps comme un conjoint trompé et contemple celui ou celle qui l’a quitté. La ville, flamande au 19e siècle, est devenue majoritairement francophone, tournant le dos au nord du pays. Aujourd’hui, seuls 5 à 8% des Bruxellois ont le néerlandais comme langue maternelle.

De l’autre côté de la frontière linguistique, il est donc de bon ton de critiquer la capitale fédérale : "Dans les magasins ou les restaurants, il est difficile de se faire servir dans notre langue. Inadmissible dans un endroit qui devrait être le trait d’union entre les Belges", me disent souvent des amis néerlandophones.

Et voilà qu’en plus, Bruxelles devient un foyer de violence. Là aussi, on assiste à une sorte de revanche, de "leedvermaak" comme en dit en néerlandais : le plaisir de voir souffrir après avoir souffert soi-même. Je m’explique : on répète depuis des années qu’Anvers et son port sont la plaque tournante de la drogue en Europe. Ça énerve tout doucement les Anversois.

C’est pourtant un fait. Les statistiques 2023 montrent qu’on a saisi au total 121 tonnes de cocaïne en Belgique. Sur les 121, 116 l’ont été à Anvers. Mais quand on examine le nombre de morts liés à la drogue en 2023, on note 12 à Bruxelles et 1 dans la plus grande ville flamande.

Comment la presse flamande voit Bruxelles

L’extrême violence se déplace donc du nord au centre du pays. La presse flamande ne se prive pas de le mettre en avant. Un reporter de la chaîne publique VRT était cette semaine en visite au Peterbos à Anderlecht. Devant la caméra, il a exhibé le gilet pare-balles que les forces de l’ordre l’avaient prié d’enfiler pendant le tournage. Ce genre d’image rajoute à la tension.

Quant aux éditoriaux dans les médias du nord, ils ne sont pas tendres. Exemple dans le quotidien De Standaard : "A Bruxelles, les fusillades se déroulent à peu près au même endroit. Et pourtant, on est sur le territoire de 3 communes et de 2 zones de polices. Il faut y ajouter les compétences régionales. Une fusion de tout cela comme à Anvers et comme le propose un récent rapport de l’OCDE réduirait les coûts et optimaliserait la coopération"

Pour conclure, je veux aussi relativiser : dans tous les pays du monde, ceux qui n’habitent pas la capitale ont une relation compliquée avec ceux qui y vivent. Voyez comment le reste de la France honnit parfois Paris. Malgré cela, dans le micro-trottoir que j’ai réalisé cette semaine, on entend plusieurs Anversois déclarer leur amour pour Bruxelles. Et comme le dit le ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt (Open VLD), anversois lui aussi : "La drogue n’est pas un problème bruxellois ou belge. C’est un problème mondial".

Ce qui compte vraiment, c’est qu'on meure le moins possible pour de la drogue dans notre pays. Il y a tant de causes qui en valent davantage la peine. Sur ce point-là au moins, nord et sud sont parfaitement d’accord.
 

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