Accueil Actu Magazine Hi-Tech

Règlement européen sur l'IA : une "occasion manquée" d'interdire la reconnaissance faciale

Le règlement européen encadrant les systèmes d'intelligence artificielle (IA) prévoit de réguler le recours à la reconnaissance faciale, mais des ONG regrettent qu'il "manque l'opportunité" de l'interdire totalement, déplore Katia Roux, d'Amnesty International France.

Amnesty réclame une interdiction totale de la reconnaissance faciale à des fins d'identification dans l'espace public, une technologie qui permet d'analyser les traits des visages avant de les comparer à d'autres images ou à une base de données.

L'ONG critique aussi l'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) en France, notamment pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, et met en garde contre les "effets cliqués" liés au développement de ces technologies. "Une fois qu'elles sont là, on ne revient pas arrière", prévient Katia Roux.

Le projet d'un règlement européen, "première tentative au monde de réguler l'IA en fonction des risques de ces systèmes sur les droits humains", a été globalement saluée par les ONG et les défenseurs des libertés.

"C'était l'occasion d'interdire des systèmes qui sont dangereux et incompatibles avec les droits humains, comme la reconnaissance faciale. Malheureusement, c'est une occasion manquée", regrette Mme Roux.

Cette loi, dont l'adoption formelle par le Conseil européen est attendue "probablement en avril", selon la Commission, pose un principe d'interdiction de "l'utilisation de l'identification biométrique à distance en temps réel dans les espaces publics".

Mais elle prévoit également que les Etats membres pourront y déroger et utiliser la reconnaissance faciale dans le cadre de "seize infractions", sous réserve d'adopter une loi nationale qui l'encadre et avec l'autorisation d'une "autorité judiciaire ou administrative".

Ces "exceptions (...) rendent l'interdiction illusoire. C'est de facto une autorisation d'utiliser la reconnaissance faciale", affirme Katia Roux. "Si les eurodéputés ont poussé pour cette interdiction, les Etats membres, la France en tête, ont réduit toute la régulation et le niveau d'interdiction" lors des négociations.

À lire aussi

Sélectionné pour vous