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"Nos enfants ne sont pas du bétail": une maman s'insurge contre les concours de beauté pour tout-petits

Faire passer des castings à ses enfants. Les inscrire dans des concours de beauté. Les faire entrer dans le listing d'une agence de mannequins. Certains parents veulent parfois, à tout prix, installer leur progéniture sur le chemin de la célébrité. Mais attention, tous les concours ne se valent pas. Une jeune maman et sa fille ont failli en faire l'expérience.

"À l’époque, ma petite cousine avait été élue plus beau bébé du pays. Elle avait reçu une petite médaille et ils avaient fait de très jolies photos d’elle…Quand j’ai vu passer une annonce similaire, je me suis dit que ça pourrait être sympa à faire avec ma fille". Quand Nathalie (prénom d’emprunt car elle veut garder l'anonymat) décide d’inscrire son enfant à un concours de beauté, elle ne veut pas faire d’elle une star, assure-t-elle. Plutôt participer à une activité qu’elle trouve originale et valorisante. Elle va vite déchanter.

"Nos enfants ne sont pas du bétail. Je suis tombée sur un casting pour enfants où il faut sans cesse payer, payer, payer" dénonce Nathalie via le bouton orange Alertez-nous. A première vue, l’alerte de Nathalie ressemble à une dénonciation d’arnaque. Ce n’est pas le cas, le concours visé n’enfreint aucune loi. Mais s’il n’est pas illégal, il pose des questions en termes d’éthique.


"Là, déjà, j’aime pas trop ça"

"J’ai entendu parler de ce concours sur Facebook. Ça n’avait pas l’air compliqué de s’inscrire. Il fallait répondre à un questionnaire basique puis leur envoyer deux photos par e-mail. Directement après ça, j’ai été recontactée pour m’annoncer que ma fille avait été sélectionnée". Nathalie, ravie, doit alors prendre un rendez-vous avec l’organisation, le plus vite possible. Ce qu’elle fait. C’est là que les doutes commencent, petit à petit, à apparaître. "Quand j’ai posé quelques questions, juste pour en savoir plus, on m’a dit que toutes les réponses seraient données sur place. Que la seule chose que je devais savoir, c’est que je devais amener vingt euros en liquide, poursuit la jeune maman. Là, déjà, j’aime pas trop ça".


Si on veut arrêter, les organisateurs ne lâchent pas l’affaire

Et Nathalie de mener, de son côté, sa petite enquête. Elle contacte des mamans qui ont déjà été plus loin dans ce genre de concours. "À chaque étape, on leur a demandé une participation financière supplémentaire. Pas spécialement élevée mais à chaque fois quelque chose" détaille Nathalie. Et même si l’organisation promet, en échange, des photos de qualité professionnelle, cela ne suffit pas. "Moi des photos de ma fille, j’en ai plein mon ordinateur. S’ils en veulent, je peux en envoyer mais je ne vais pas payer pour".

En plus de ces questions financières, Nathalie est dérangée par un autre aspect : l’insistance des organisateurs face à des mamans qui hésitent. "J’ai une amie dont le fils a été accepté pour la demi-finale. On lui a demandé près de 250 euros. Quand elle a annoncé que financièrement, elle ne pouvait pas suivre, on lui a écrit pendant cinq jours pour lui dire à quel point son fils avait du potentiel. Personnellement, quand j’ai dit que j’arrêtais, ils m’ont dit que j’étais si près du but…"


Des agences professionnelles…et des concours plus douteux

Il existe deux types d’organisation qui mêlent enfants et beauté. D’un côté, de véritables agences de mannequins, spécialisées pour les plus jeunes. "Il y a des annonceurs, des marques, des clients… qui nous mandatent pour trouver certains profils, explique le responsable d’une de ces agences. Les enfants participent à des castings, éventuellement des shootings et ils sont ensuite rémunérés. Ce sont les enfants qui sont rémunérés, l’argent est bloqué sur un compte jusqu’à leurs 18 ans".

En gros, des organisateurs profitent un peu du fait que certains parents sont prêts à tout pour qu’on reconnaisse la beauté de leur enfant

"À cet âge-là, ils ne trichent pas"

Une agence comme celle-ci reçoit, à titre d’exemple, plus ou moins 80 demandes d’inscription par jour. Parmi ces enfants, un sur cent ira participer à un casting, parce qu’il correspond à certains critères demandés par le client. "Une fois qu’on les a rencontrés, on peut voir si les enfants sont à l’aise, s’ils ont envie ou si ce sont leurs parents qui les poussent. On vérifie aussi si tout est convenable et honorable dans les prestations demandées" assure le responsable. L’avantage, explique ce professionnel, c’est qu’à cet âge-là, les enfants ne trichent pas. Ils ne font pas semblant. "S’ils n’ont pas envie, ça ne sert à rien d’insister, ils ne le feront pas"

De l’autre côté, il existe une multitude de concours moins recommandables. "En gros, des organisateurs profitent un peu du fait que certains parents sont prêts à tout pour qu’on reconnaisse la beauté de leur enfant" explique notre spécialiste. "On leur demande de payer pour l’inscription, de payer pour une ou deux photos, de payer pour accéder au tour suivant. C’est tout le contraire de notre philosophie. Ici des parents payent pour qu’un jury reconnaisse la photogénie d’un enfant. Nous, on rémunère les enfants parce qu’ils sont photogéniques et qu’ils correspondent à la demande d’un client".


Faire travailler des enfants ? Possible mais en respectant certaines conditions

Le principe de base inscrit dans la loi est simple. Il est INTERDIT de faire ou de laisser travailler des enfants (par enfant, la loi entend les mineurs de moins de 15 ans soumis à l’obligation scolaire). Comme tout principe de base, il connait évidemment quelques exceptions. Ainsi, une activité éducative ou formative sera autorisée. Il est aussi possible d’obtenir des dérogations en fonction de la nature de l’activité (des prestations culturelles, en télévision, qu’elles soient ou non à des fins publicitaires, entrent dans ce cadre).

Par ailleurs, dans tous les cas, ces enfants travailleurs doivent respecter certaines conditions. Notamment en termes d’horaires (par exemple maximum 4 heures par jours entre 8h et 19h pour des enfants de 0 à 6 ans) et surtout de rémunération. L’argent doit TOUJOURS être versé sur un compte bloqué au nom de l’enfant. Seul celui-ci pourra y avoir accès, à sa majorité.

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