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Les trottinettes partagées mal garées divisent les autorités dans la capitale: Saint-Josse compte sévir, Ixelles prône le dialogue

La commune de Saint-Josse en a marre des trottinettes électriques partagées et parquées n'importe où sur les trottoirs. Elle compte délimiter certaines zones pour les ranger en toute légalité, sans quoi les amendes vont tomber. À Bruxelles, on compte 70.000 utilisateurs de trottinettes électriques.

Si vous circulez à Bruxelles, vous les avez peut-être déjà vues: des trottinettes partagées parquées sur les trottoirs ou d'autres endroits publics... mais pas toujours de façon adéquate. 

Il faut arrêter de vouloir prendre une trottinette pour faire 100 ou 200 mètres

À Saint-Josse-Ten-Noode, une commune densément peuplée de la région bruxelloise, le bourgmestre veut réglementer l'utilisation de ce nouveau moyen de transport. Le collège (qui réunit le bourgmestre, les échevins et le président du CPAS) a décié mardi d'interdire le rangement des trottinettes sur les trottoirs.

Lorsque nous interrogeons les passants dans la commune, les avis diverges. Pour certains il n'y a aucun problème et l'innovation est même utile, pour d'autres il faudrait mieux ranger les trottinettes en question. "Les gens qui font ça ne pensent pas aux autres qui peuvent passer par hasard avec des poussettes, etc.", confie une dame.

"Il faut arrêter de vouloir prendre une trottinette pour faire 100 ou 200 mètres. On doit pouvoir continuer à marcher, et surtout préserver les endroits où on peut marcher, en tranquillité et surtout en sécurité. Ce n'était plus le cas", lance Emir Kir (PS), le bourgmestre de Saint-Josse.

La commune souhaite mettre des amendes aux sociétés de trottinettes en faute: jusqu'à 350 euros par engin mal garé. "Il faut arrêter avec ce capitalisme débridé qui arrive dans nos quartiers sans respecter les habitants. À Saint-Josse c'est vrai que nous disons stop", réagit Emir Kir au micro de RTL INFO. "Venir dire qu'ils sont la solution alors qu'ils sont la source du problème et venir sur le territoire d'une commune sans contact préalable avec les autorités, c'est gonflé", a commenté le bourgmestre auprès de Belga.

Les autorités communales veulent imposer quatre zones de parking, au niveau de la place Saint-Josse, de la place Rogier, de l'esplanade Madou et près de la station de métro Botanique. Ce seront les seuls endroits où les trottinettes pourront être garées en toute légalité. Le nouveau règlement doit encore être soumis au conseil communal.


Interdire est illégal selon le ministre bruxellois de la Mobilité

La décision du collège de Saint-Josse d'interdire le rangement de trottinettes électriques sur les trottoirs est vraisemblablement illégale. S'il s'avère, après vérification, que c'est le cas, elle sera annulée, a indiqué vendredi le ministre bruxellois de la Mobilité, Pascal Smet, devant le parlement bruxellois.

Selon le ministre, cette mesure est semble-t-il contraire à l'ordonnance adoptée récemment par le parlement régional pour encadrer la mise sur le marché à Bruxelles de vélos et trottinettes en libre service. Pour Pascal Smet, le vrai problème provient du fait que les trottoirs, à Saint-Josse, sont trop étroits.

M. Smet s'est également montré surpris de la mesure annoncée par Saint-Josse deux semaines après que les communes eurent été invitées par courrier à signaler les problèmes pour définir le cas échéant des zones d'interdiction de rangement de ces moyens de déplacement sur de courtes distances. Il a enfin souligné que la démarche de la commune n'était pas positive pour la réputation de Bruxelles à l'étranger.

Le ministre a toutefois rappelé que les usagers ne pouvaient pas abandonner leur trottinette n'importe où et doivent veiller, notamment, à ne pas entraver le passage des piétons, des personnes en chaises roulantes ou déplaçant un enfant dans une poussette.


L'entreprise "étonnée" par la décision de Saint-Josse

Lime, la start-up californienne leader du marché à Bruxelles, reconnaît qu'en moyenne 10% des engins sont mal stationnés. L'entreprise se dit très étonnée de la décision de la commune de Saint-Josse. Pour elle, la position du bourgmestre Emir Kir est complètement paradoxale lorsqu'il dit que tout le monde est "en faveur d'alternatives pour éviter la pollution" et qu'il décide dans le même temps de bannir les trottinettes en libre-service de sa commune.

La société compte patrouiller dès ce samedi pour remettre de l'ordre. "C'est un système qui va fonctionner 7 jours sur 7. On va mettre en place des itinéraires précis dans des communes où il y a une forte utilisation. Pour s'assurer que sur cette partie de la flotte qui est mal stationnée on puisse les redisposer, et sensibiliser les utilisateurs", confie Benjamin Barnathan, directeur de Lime Benelux. "Casser ce système, comme le ferait de facto la mesure évoquée par Monsieur Kir, ne ferait que ramener les gens à leurs propres voitures", a-t-il ajouté. "Nous constatons que les Bruxellois sont demandeurs de moyens de transport alternatifs et durables pour se déplacer facilement et rapidement sur de courtes distances en ville", a-t-il encore commenté.


Autre approche à Ixelles

Une autre commune bruxelloise, Ixelles, est quant à elle plutôt favorable à ce nouveau style de mobilité. Là, les autorités sont en contact avec Lime pour résoudre les problèmes. "On a reçu de temps en temps des plaintes, mais elles ne sont pas géographiquement localisées à des endroits précis. Si on veut favoriser ce mode de mobilité alternatif à la voiture individuelle, ce qu'on favorise toujours, il va falloir être vigilant", indique Yves Rouyet (Ecolo), échevin de la Mobilité à Ixelles.

Au-delà des soucis rencontrés, la trottinette électrique conquiert de plus en plus de monde à Bruxelles: on compte 70.000 abonnés et plus de 1.500 engins dans la capitale.

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