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Certains policiers bientôt en grève à Uccle à cause du stationnement? "Je refuse de payer pour aller travailler"

Sébastien, un policier bruxellois, dénonce avec ses collègues les nouvelles règles de stationnement en vigueur à Uccle. Il doit désormais payer une carte à 200 euros pour avoir le droit de se garer à proximité de son commissariat. Cette même carte coûte 75 euros dans d’autres communes.

"Des actions menées par des policiers pourraient bien fortement impacter la circulation à Uccle". C’est le message que nous a envoyé la femme de Sébastien (prénom d’emprunt car il souhaite garder l'anonymat) via le bouton orange Alertez-nous, il y a quelques semaines. L'agent de police et plusieurs de ses collègues se plaignent du nouveau plan de stationnement de la commune, car depuis le 4 décembre, il faut payer pour se garer près du commissariat. Un préavis de grève a même été déposé en front commun syndical.


Quel est le problème?

Le plan de stationnement (dont la deuxième phase, celle qui irrite certains policiers, est entrée en vigueur le 4 décembre dernier) inclut notamment la rue dans laquelle est situé le principal commissariat d’Uccle. Avant ce plan, les rues autour n’étaient pas réglementées. Mais désormais, la plupart des policiers d’Uccle doivent donc payer pour se garer près de leur lieu de travail. Ils peuvent acquérir une carte professionnelle au tarif de 200 euros, au même titre que les enseignants.

Seulement, d’autres communes de la région bruxelloise propose un tarif préférentiel moins élevé pour ces deux catégories professionnelles, à savoir 75 euros (c’est notamment le cas de Jette).

Les policiers d’Uccle ne comprennent donc pas pourquoi ils devraient payer plus que leurs collègues d’autres communes. "Je refuse de payer pour aller travailler. Sinon, j’aurais été dans une zone proche de mon domicile", se plaint Sébastien. Mais peut-il se passer de cette carte? "Oui, on peut se garer dans les parkings de délestage puis prendre les transports en commun mais si c’est en dehors des heures normales, il faut détourner une patrouille pour m’emmener à ma voiture, ce n’est pas fait pour ça. Et si je prends le premier bus quand je commence tôt le matin, j’arrive avec 20 minutes de retard".

Une première action syndicale a eu lieu le 27 décembre dernier devant la maison communale et à cette occasion des délégués syndicaux ont été reçus par l’échevin de la Mobilité, Jonathan Biermann. Mais les deux parties semblent se renvoyer la balle. Les syndicats de police et l’échevin dénoncent le manque de volonté de dialogue.


Pourquoi les policiers des différentes communes bruxelloises ne payent pas la même somme pour se garer?


Dans sa réglementation, la Région a prévu la possibilité pour les communes de délivrer des cartes de riverain et des cartes professionnelles (à 200 euros minimum).

Elle a aussi prévu deux catégories spécifiques de travailleurs: les enseignants et les policiers. Ceux-ci peuvent bénéficier d’une carte de stationnement au tarif préférentiel de minimum 75 euros. Mais à Uccle, on a décidé de ne pas accorder cet avantage aux enseignants et aux policiers. "Au sein du collège, on a considéré que cette inégalité entre travailleurs n’était pas acceptable. On a ramené ces deux minima aux tarifs pour les autres travailleurs en se fondant sur le règlement régional et on a mis tout le monde à 200 euros, ce qui ne convient pas à certains policiers", explique l’échevin de la Mobilité, Jonathan Biermann.


"Pas de raison objective pour justifier un traitement différencié"

De leur côté, les syndicats reprochent à la commune de ne pas avoir pris en compte la spécificité du personnel de police. Adam Amri, délégué permanent CSC secteur police pour la région de Bruxelles-Capitale, pointe "les horaires compliqués et la menace qui pèse sur certains membres des forces de l’ordre". "Le personnel de police est clairement reconnaissable et il y a une différence entre se garer devant l’hôtel de police où les collègues ont une vue sur votre véhicule et sur un parking de dissuasion, même situé à 500 mètres", détaille-t-il.

"Mais le personnel infirmier travaille aussi en horaires décalés et pourtant le gouvernement n’a pas prévu de carte spécifique pour ce type d’activité professionnelle tout aussi honorable que le métier de policier ou d’enseignant. Nous pensons qu’il n’y a pas de raison objective qui peut justifier un traitement différencié", rétorque l'échevin.

Autre argument avancé par les policiers: le co-voiturage va devenir de plus en plus compliqué car toutes les personnes concernées devront payer la fameuse carte professionnelle. Ce point pose aussi problème à la commune d’Uccle. "Dans le plan de stationnement régional, il y a beaucoup de dispositions dont on ne comprend pas la logique. Avant, il y avait une carte visiteur-travailleur qui incitait à la multi-modalité. Mais cette possibilité a disparu avec le nouveau règlement", affirme l’échevin.


Syndicats policiers et commune se rejettent la responsabilité

Les syndicats de police se plaignent du manque de dialogue. Selon eux, la décision a été imposée sans concertation avec les autorités syndicales. "Le prix de la carte n’est pas le seul élément de grogne. On demande une réelle concertation pour avoir une vision globale de la problématique", souligne Adam Amri, délégué permanent CSC secteur police pour la région de Bruxelles-Capitale.

Une vision des choses contestée par l’échevin: "J’ai signifié que ma porte était ouverte mais il n’y a pas eu de démarches de la police jusqu’à ce préavis de grève intervenu durant les congés d’hiver". "On se trompe d’ennemi, celle qui est à l’origine d’un règlement qui ne nous semble pas équitable entre différentes activités professionnelles, c’est la Région", ajoute Jonathan Biermann.

Quoi qu’il en soit, certains policiers d’Uccle sont toujours mécontents. Les syndicats vont sonder leur base pour déterminer la suite des événements et d’éventuelles actions. Celles-ci pourraient prendre la forme de contrôles approfondis aux heures de pointe, histoire de ralentir la circulation en utilisant la base légale.

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